Dans cet épisode d’Extra-Muros, l’invité est David Balland, co-fondateur de Ledger. Il raconte comment Ledger, licorne française, s’est développée et a recruté dans la ville de Vierzon en Centre-Val de Loire, accompagnée par la Communauté de communes.
En partenariat avec Extra-Muros, le podcast qui met en lumière les histoires de dirigeants qui ont choisi de développer leur business en dehors de Paris. Ce podcast est produit par Newton Offices. Voir d’autres épisodes
Extrait de cet épisode :
GP : C’est un bon exemple de ville ou d’entité publique, on entend souvent le discours “Nous, on sait pas créer d’emplois, ce n’est pas notre job, on va pas créer des emplois. En revanche, on doit créer les conditions pour que les emplois soit créés”. Et là, c’est le meilleur exemple. Vous avez été en face des interlocuteurs qui ont fait confiance à une société qui démarrait dans un garage. Ton père, Bricoler les cartons au début, c’est ça. C’est une histoire de dingue.
DB : Les premiers produits, on avait nos cartes à puce qui étaient flashé sur mesure. Donc on installe notre propre logiciel dessus et ensuite il fallait les faire tenir sur une clé USB, donc on les découpait littéralement à la main. Les premiers prototypes, ça a été ça. On découpait nos cartes à puce au cutter, on les grattait, on les poncer. On insérer ça dans une dans un support de carte à puce. Donc c’était très manuel. Les amis, la famille ont donné un coup de main. Et et c’est vrai que autour de moi, en fait, beaucoup de beaucoup de gens nous ont rejoints. On va plutôt sous la forme de sociétés familiales. J’ai fini par embaucher la plupart de mes amis, mes parents, mon frère. Tout le monde est venu donner un coup de main et en fait, ils se sont retrouvés pris le doigt dans l’engrenage et ont rejoint la société. Du côté de la ville, c’est vrai que non seulement on a eu quelqu’un qui nous écouter, ça, c’est déjà le premier point important, mais par dessus, c’est, je pense, assez rare. Il y a une réactivité hors du commun. Je prends l’exemple 2017 par exemple. Donc on était en train de saturer le bâtiment dans lequel on avait commencé. Quand on a saturé ce bâtiment, on est retourné voir la Communuaté de Communes (ComCom). On leur a dit “Écoutez, il nous faut un bâtiment plus grand”. Ils ont soulevé ciel et terre là, la ComCom est allé voir des locataires d’un bâtiment en face pour leur proposer d’échanger leur place avec nous pour qu’on privatise le bâtiment dans lequel ils étaient. Ça s’est fait. Les sociétés ont joué le jeu aussi. C’est pas simple de réussir à mettre tout le monde d’accord. Je les en remercie. D’ailleurs, s’il écoute ce podcast, c’est extraordinaire, ça nous a sauvé la vie.
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GP : Comment tu recrutes sur un métier aussi pointu quand tu es à Vierzon ?
DB : Alors sur Vierzon. Les premières années de recrutement on était, entre guillemets, faciles parce que j’ai eu la chance d’avoir pas mal de liberté dans le recrutement et de recruter autour de moi des gens dont je savais déjà qu’ils avaient des compétences. Donc notamment pas mal d’amis qui ont fait le même cursus que moi, qui avaient les mêmes compétences pour travailler sur les choses, sur les langages ou les frameworks non utilisés. Je savais vers qui me tourner. Donc ça a été très simple. Encore une fois, je mets des guillemets, mais ça, ça s’est fait plutôt de manière organique et et naturelle. J’ai trouvé que c’était assez naturel. Ensuite, quand tu passes à certains paliers, c’est facile de recruter 50 personnes en claquant des doigts et de faire en sorte que ça marche bien. Et quand tu dépasses un certain stade, il faut s’entourer. Et là, bien entendu, Ledger a du se structurer. On a eu le même type de croissance sur tous les sites, notamment le site de Paris. Il y a eu les 20 ans, Il y a la même histoire à raconter sur Paris, le changement de locaux, le déménagement en 2017 qui fait qu’on se rend compte que le local dans lequel on va emménager va être trop petit et donc on signe la rupture du bail avant d’emménager. C’était aussi très sportif pour mes collègues parisiens. Et donc, en se structurant, bien entendu, on s’est entouré de l’équipe RH et des recruteurs. Et maintenant on fait tous ces processus. Et si t’as besoin d’une ressource, tu as tout un process à suivre et études. Tu ne fournis plus tout à fait le même effort en tant que manager.
GP : Du coup, vous êtes sur quelles villes à ce jour ?
DB : Alors à ce jour, on a donc Paris et Vierzon, c’est les deux villes principales historiques. On a, si je me trompe pas, des bureaux à New York, il y en a à Londres, Genève, Montpellier. Il doit y avoir Grenoble aussi.
GP : Pour finir sur ces talents, vous avez réussi à les trouver au début, mais après vous avez, j’imagine créer tout un écosystème autour de vous qui a permis de produire de nouveaux savoir faire et de nouveaux talents, juste à côté de chez vous ?
DB : Oui, il y a eu une explosion. Ledger développe ses propres outils. Donc, il y a beaucoup formations qui se font en interne. Tu recherches pas forcément quelqu’un qui connaît exactement le métier et sur certains sujets, tu veux aussi les former. Après, tout dépend des équipes. Aujourd’hui, Ledger, c’est à peu près 500 collaborateurs. Donc je ne pourrais pas rentrer dans tous les détails. Pour ce qui se passe à Vierzon notamment. Tu peux tout à fait recruter un développeur qui a fait, je ne sais pas du tout, du backoffice sur n’importe quel langage et le former sur ton backoffice à toi, en l’occurrence sur symfony. Donc tout dépend des métiers. Typiquement, tu vas pas chercher les mêmes compétences quand tu fais du développement, que quand tu fais du développement front office.
GP : Très bien. Et l’écosystème universitaire scolaire / formation autour de vous a évolué ?
DB : Il est en train d’évoluer et il y a encore quelques temps, on s’est pas mal entouré avec les différents lycées et école d’ingénieur qui sont dans le coin. Mais on a on était encore dans la phase où si on a besoin de recruter quelqu’un, on a encore des réserves dans notre réseau étendu, on va par cooptation, ça s’est fait plutôt bien. Donc on n’est pas encore arrivé au point de saturation. Mais je pense que ça va commencer. Et donc la chance qu’on a, c’est que les choses se développent. Il y a des écoles qui s’installent, je prone pour ma paroisse et notamment AlgoSup qui est un projet qui a démarré sur les bords de Loire. Ça a dû démarrer en 2017 à Bourges et l’école n’arrivait pas à se développer. Donc elle a été fondée par Eric Larchevêque et moi même. Je fais partie des associés. Quand le projet a été présenté à la ville de Vierzon, ça s’est fait naturellement. La Ville de Vierzon s’est dit “Écoutez très bien, ça y est, c’est une école qui forme des ingénieurs, donc c’est plutôt du développeur full stack en cinq ans et qui vous apprendre notamment à faire du télétravail”. On n’a pas besoin d’être à Paris pour monter une école d’ingénieur. En fait, elle peut très bien être à Vierzon et profiter en fait des avantages de Vierzon pour un étudiant. La vie est assez calme, on a une qualité de vie qu’on ne trouve pas dans les grandes villes. On a tous les avantages la campagne, les avantages de la ville. Ça c’est mon avis perso. Mais ils disent que je répète souvent que tu as accès à des infrastructures qui sont tout à fait acceptables. On a on a des réseaux de fibre optique qui se développent, ce qui est plutôt important pour un élève ingénieur. Et à côté de ça, en fait, l’immobilier est pas très cher. Moi, j’ai vécu en tant qu’étudiant à Vierzon, c’est pour ça que je le dis. J’y ai vécu en tant qu’étudiant et j’ai étudié à Orléans. Je n’aurais pas fait autrement. C’était juste parfait pour moi. AlgoSup se développe à Vierzon et qui a suivi le développement de Ledger. S’ils n’avaient pas eu la ComCom pour pour aider Ledger à s’implanter. Et si la ComCom n’avez pas gardé aussi une oreille attentive aux nouveaux projets, il n’y aurait pas une école d’ingé qui est en train de s’installer. C’est vraiment tout un écosystème qui se met en place. Ça prend encore du temps. Mais quand tu vois le développement de la terre, c’est super intéressant de voir la vitesse à laquelle ça va. Certains on parle de quelques années seulement, on a vraiment démarré en 2015.
GP : 2015… et le bitcoin date de 2009. C’est quand même supersonique. Et quand on entend beaucoup cet attrait des régions, mais on a du mal à l’illustrer. Vous, pour le coup, c’est un super exemple d’une licorne qui qui se crée depuis Vierzon et qui arrive du coup à embarquer une ville, les écoles autour, c’est vraiment incroyable. Bravo à vous !
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