Ils s’étaient promis, d’un jour, changer de vie pour écouter leurs passions… Leurs plaisirs pour cuisiner, voyager, échanger, recevoir. Anne Bellon et son mari ont décidé de quitter leur vie parisienne pour réaliser le rêve de beaucoup de français : ouvrir une maison d’hôtes à Castelnaudary dans l’Aude. Bye bye Paris, bonjour l’Occitanie ! Anne nous partage son histoire.
Votre vie à Paris. Quelle est votre histoire avec Paris ? Combien de temps y avez-vous vécu ?
J’ai toujours vécu en très proche banlieue parisienne à l’exception de mes 3 années d’école de commerce à Dijon, je suis donc revenue tout naturellement pour mon stage de fin d’études qui a débouché sur mon premier job. Je suis restée 25 ans jusque fin 2021.
Pourquoi avoir décidé de quitter la capitale ?
Durant mes 25 à Paris, j’ai évolué dans le monde des nouvelles technologies et le speed parisien. Mon échappatoire c’était le week-end, cuisiner pour ma famille et mes amis et sinon dès que possible voyager, des voyages dans lesquels la nature et les échanges avec les autochtones avaient toujours une place très importante. Des plaisirs partagés avec mon mari et nous savions depuis pas mal d’années qu’un jour nous changerions totalement de vie et que cela aurait très certainement un lien avec ces plaisirs. Par contre, j’imaginais cela un peu plus tard. Le déclic pour le faire finalement plus tôt a été une concordance d’éléments : tout d’abord mes enfants qui ont choisi de ne pas faire d’études longues, nous “libérant” de cette “obligation” que nous étions faite de rester sur Paris, le télétravail à 100% que continuait de faire mon mari, un an et demi après le premier confinement qui perdait tout son sens et moi qui avait créé une start-up un mois après le confinement qui ne se développait pas comme prévu et devait réfléchir à un nouveau projet.
Où êtes vous partie vous installer et que faites-vous là-bas ?
Je suis partie m’installer en Occitanie, à Castelnaudary. Après avoir rénové durant 18 mois une très vieille ferme lauragaise, je viens d’ouvrir ma maison d’hôtes (chambres et tables d’hôtes) pour proposer des parenthèses hors du temps.
Décider de partir de Paris, c’est une chose. Comment avez-vous abordé ce projet et cette transition ?
Cela s’est passé en 2 étapes : on a tout d’abord fait le constat qu’on n’avait plus forcément besoin d’être à Paris pour nos enfants ou nos jobs. Par contre pour pouvoir faire du télétravail en venant régulièrement sur Paris, il fallait qu’on choisisse une ville à moins de 3h de Paris et très vite Nantes est arrivé en 1er notamment car on avait des amis à Nantes. On savait que ce serait difficile de quitter nos amis parisiens donc savoir qu’on arrivait dans une ville avec des amis proches était important à nos yeux. Du coup ces amis nous ont pas mal aidés dans nos recherches de maison et ont fini par nous pousser dans nos retranchements et à un moment il nous est apparu évident qu’on souhaitait un changement plus radical. La perte de sens de nos jobs et le besoin de nature étaient devenus trop évidents. A partir de là, le projet de créer un lieu qui nous ressemble a très vite germé. Du coup, le choix de la destination a évolué. Envie d’aller plus au sud, un peu plus vers les montagnes que la mer. Et c’est finalement la découverte du lieu et de ses potentiels qui nous a fait arriver à Castelnaudary. Dès lors qu’on était lancé qu’on avait acté du changement, plus aucune crainte pour nous. C’était décidé, on était lancé. Et effectivement beaucoup de gens ont été très utiles dans notre projet, nos amis qui nous ont fait définitivement basculés, notre banquière qui a cru en notre projet à un moment où les banques commençaient à croire de moins en moins aux projets de maisons d’hôtes, la mairie également. Enfin, je retiendrais un outil, une énorme mind map qui, fait un dimanche matin, nous a permis de formaliser notre projet et a certainement constitué le point de non-retour.
Qu’avez-vous gagné en quittant Paris ?
La sérénité.
Que regrettez-vous ?
Les amis que l’on voit beaucoup moins souvent mais qui sont pour beaucoup venus nous voir.
Changer de vie, gérer le changement d’emploi, trouver un logement, organiser le déménagement… Quelles leçons tirez-vous ?
Pour moi le sujet clé est la décision. Après le reste pour nous ça a surtout été de la logistique et ça on sait faire.
Baisse de salaire, prix de l’immobilier, coût de la vie… Quels sont les retours de votre porte-monnaie ?
En faisant ce choix, on savait que nous n’aurions plus jamais les mêmes salaires, après on bosse pour nous. Bien évidemment les prix de l’immobilier et des artisans également, car on se lançait dans une très grosse rénovation… Ils n’ont rien à voir avec ceux de Paris. C’est sur le coût de l’alimentation par contre où j’ai été surprise. Je n’ai pas forcément vu de grosses différences mais on a déménagé juste avant les débuts de l’inflation donc difficile de vraiment se rendre compte.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui réfléchissent à quitter Paris et changer de vie ?
Bien réfléchir à ses motivations, se poser beaucoup de questions sur le job, les enfants, l’argent, les amis, la vie culturelle, la vie sociale… et au moment des dernières hésitations se demander quel est finalement vraiment le risque si cela ne marche pas ?
« Quitter Paris, c’est… »
… une décision que j’aurais dû prendre il y a bien longtemps.
Merci à Anne pour son témoignage ! Vous pouvez visiter son site domainedelanis.fr