Passée par l’expatriation, bouger ne lui fait pas peur. Adeline Caussé a pris la décision de partir à Lyon, avant d’y retrouver les mêmes travers qu’à Paris quelques années plus tard. Elle a finalement posé ses valises un peu plus loin dans la région PACA, à Nice. Elle nous partage son histoire et ses conseils. Un témoignage lucide et réaliste, preuve qu’un départ de Paris n’est pas un long fleuve tranquille vers une vie idéalisée.
Qu’est-ce qui vous a amené à Paris et combien de temps y êtes-vous restée ?
Je suis née et j’ai grandi à Paris.
Quelles raisons vous ont poussées à partir ?
Trop de monde, la queue partout, pollution, manque d’accès à la nature, et j’avais déjà profité de tout en termes d’offre festive et culturelle.
Dans quelle ville et région êtes-vous partie vous installer ? Que faites-vous aujourd’hui professionnellement ?
Lyon puis Nice. Arrivée à lyon pour un job de commerciale consultante en agence Inbound Makerting, après j’ai créé mon agence de Growth Hacking puis je suis maintenant passée côté recrutement chez Digirocks en 100% remote.
Décider de partir de Paris, c’est une chose. Le faire en est une autre ! Comment vous y êtes-vous pris pour réaliser votre projet de départ ?
J’avais déjà l’expérience de l’expatriation (j’ai vécu en Espagne, république Tchèque, république dominicaine). Contrairement à beaucoup d’amis qui sont partis, je n’idéalisais pas le fait de partir de Paris. Je savais que cela serait dur et qu’il me faudrait un gros investissement personnel pour me créer une vie à mon image.
Déjà, le choix de la ville, j’ai postulé un peu partout en France et, à chaque fois que j’engageais un process, j’allais voir la ville, me balader seule pour découvrir et voir si je pouvais m’y projeter. À Lyon, j’ai trouvé le combo ville qui me semblait bien + job qui me plaisait.
Une fois arrivée, j’ai beaucoup utilisé Meetup et Wanted Community / couchsurfing pour rencontrer des gens. Au travail, j’ai eu la chance d’être tombée sur une super équipe et j’ai très vite été intégrée. J’ai aussi décidé de vivre en colocation pour rencontrer encore plus de monde et me faire une petite “famille”. Le tout m’a permis de me constituer un groupe d’amis précieux, dans les moments de doutes, déprime hivernale loin des miens etc…
Après 5 ans à Lyon en revanche, j’ai déchanté. La ville commençait à avoir tous les défauts de Paris quand je l’ai quitté. De plus en plus de monde, les prix de l’immobilier qui ont explosé, la queue partout, et surtout, la mise en place des pistes cyclable qui ont rendu (comme à Paris) la circulation impossible !! Beaucoup de bouchons, de stress, dangers pour ceux en vélo, davantage de pollution…
Ma soeur vivait à Nice depuis un moment, ville que je détestais à cause de la mentalité bling bling qui se la joue riche mais ne l’est pas vraiment, son manque d’offre culturelle… Après le covid tout a changé. Les établissements (bars / boites) un peu nuls ont coulé, laissant la place à plein d’associations, d’épiceries solidaires, direct producteurs, bars et restaurant à concept.. Bref, la ville s’est “boboïsé” et j’ai commencé à m’y projeter ! Je me suis donné 6 mois pour tester. J’ai commencé à y aller très régulièrement grâce à mon job en remote, m’inscrire dans plein de clubs de sport / randonnée, faire des meetups et rencontres avec Wanted Community pour voir si je trouvais des gens sympas. Et j’ai constitué un groupe en or, dans une région où la mentalité n’est pas – à la base – ma tasse de thé ! J’ai appliqué mes qualités de commerciale à ma vie : et ça marche ! J’ai maintenant la certitude que Nice est la ville que je cherchais depuis tout ce temps : une proximité à la nature immédiate (mer & montagne !), aéroport et gare bien desservis pour voyager, de la culture, de la fête, de la gastronomie… Et un super groupe ! Et puis mes amis de Paris et Lyon sont encore plus ravis de venir me voir maintenant que je suis au soleil ! Je suis d’ailleurs en train d’acheter en plein centre.
Quitter Paris, partir vivre en région. Le bilan en une phrase ?
Un expatrié averti en vaut deux.
Qu’avez-vous gagné en quittant Paris ?
Confort de vie inégalable.
Que regrettez-vous ?
Les restaurants asiatiques ne sont très bons qu’à Paris.
Changer de vie, gérer le changement d’emploi, trouver un logement, organiser le déménagement… Quelles leçons tirez-vous de cette aventure ?
À + de 25 ans, les “locaux” n’ont pas besoin de toi. C’est à toi de créer ta vie, te bouger pour rencontrer des gens. On n’est pas à l’étranger où les expatriés se retrouvent entre eux, c’est très différent et il faut en avoir bien conscience. Moi, j’avais de solides amis à Paris qui venaient régulièrement me voir au début pour bien attaquer ma nouvelle vie.
Baisse de salaire, prix de l’immobilier, coût de la vie… Quels sont les retours du côté des finances ?
Clairement, loyers et immobilier moins chers à Lyon et Nice, qui pourtant sont des villes “chères”. Mais surtout, l’accessibilité à la nature ! Ne pas payer un bras des billets quand on veut se faire un petit weekend montagne / lac / mer… C’est incomparable avec Paris. Par contre, l’offre en restauration à Paris est inégalable (à cause de la compétition), il y a des trucs tops pour tous les prix, là ou ailleurs en France, c’est + cher pour très bien manger.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui réfléchissent à quitter Paris et changer de vie ?
Ne pas croire que l’herbe est plus verte ailleurs, rejoindre des forums et communautés bien avant de partir pour se projeter et affronter la réalité des difficultés. Ne pas rester entre parisiens !!!!!!!
« Quitter Paris, c’est… »
… difficile, mais ça vaut le coup !
Merci à Adeline d’avoir pris le temps de nous partager son histoire !