Aujourd’hui, direction Aix en Provence avec Anaïs Prétot, cofondatrice et directrice générale de Live Mentor, la référence de l’accompagnement d’entrepreneurs en France. Dans cet épisode, Anaïs explique quelles sont les dernières tendances qu’elle perçoit en matière d’entrepreneuriat. Elle explique également pourquoi et comment elle a déménagé ses bureaux de Paris à Aix-en-Provence. Un retour d’expérience très précieux pour ceux qui hésitent encore à franchi le pas.
En partenariat avec Extra-Muros, le podcast qui met en lumière les histoires de dirigeants qui ont choisi de développer leur business en dehors de Paris. Ce podcast est produit par Newton Offices. Voir d’autres épisodes
Retranscription de cet épisode :
Guillaume Pellegrin (GP) : Bonjour Anaïs.
Anaïs Prétot (AP) : Bonjour Guillaume. Enchanté. Enchanté? Non, pas du tout. En fait on se connaît déjà en vérité, mais enchanté Extra-Muros.
GP : Question classique du début Extra-Muros, est-ce que tu peux expliquer qu’elle est l’offre de LiveMentor ?
AP : Chez LiveMentor notre métier c’est d’accompagner des porteurs de projets dans toute la France, dans toute la francophonie bientôt d’ailleurs. On a d’ailleurs un petit peu commencé. Donc on fait quelque chose de très simple. On permet à toute personne qui a un projet entrepreneurial de se faire accompagner par quelqu’un qui l’a déjà fait via une plateforme qu’on a développée depuis 2016. Donc, on fait un petit peu partie de la première génération de EdTech et des entreprises qui ont appliqué la technologie à l’éducation. On a très vite cru à quelque chose qui semble complètement banal aujourd’hui et c’est tant mieux. On a très vite cru à la formation en ligne. Et donc, depuis 2016, on travaille avec nos équipes pour créer cette plateforme de formation mentoré et accompagner des porteurs de projets dans le développement de compétences entrepreneuriales. En termes de chiffres, peut être pour donner un peu une idée de la petite ampleur qu’on commence à avoir. On a accompagné un peu plus de 16 000 porteurs de projets depuis 2016 dans toute la France, avec deux tiers de femmes. Ça c’est quelque chose dont on est très fiers. On a deux fois plus de femmes parmi nos porteuses de projets que la moyenne nationale. C’est une fierté et on a des personnes qui sont surtout accompagnées dans tout le territoire parce qu’il y avait vraiment cette volonté de porter l’accompagnement entrepreneurial dans des endroits où ils étaient encore pas assez ou en tout cas pas en qualité suffisante d’après nous. Donc on est un petit peu la boîte extra-muros par excellence puisqu’on est fier notamment d’avoir 80 % des personnes qu’on a accompagné qui ont créé une entreprise en dehors des grandes villes. C’est notre raison d’être est extra-muros en soi.
GP : Du coup, j’ai plein de questions. Comment tu expliques une part si forte de la présence des femmes ?
AP : C’est quelque chose qui est vraiment un heureux hasard. Je pense que c’est assez multifactoriel. Le premier, c’est qu’on a été les premiers à avoir un format en ligne qui soit aussi flexible. On est les premiers à proposer un accompagnement entrepreneurial qu’on peut faire très tôt le matin, très tard le soir, sans avoir forcément à se déplacer sur toute une journée pour une durée trois mois. Et c’est vrai que pour le public féminin, notamment lorsqu’on est sur une reconversion professionnelle, on a en général encore en France une contrainte, notamment liée à la parentalité, qui est plus forte du côté des femmes, une contrainte organisationnelle assez triviale et je pense qu’on a été les premiers à proposer des programmes qui soient aussi flexibles et qui puissent autant s’insérer dans le programme de femmes, notamment mères. Il y a un deuxième facteur qui est qu’on est aussi les premiers à proposer un accompagnement aussi intensif, avec un tarif aussi accessible entre guillemets, puisqu’on a des programmes qui, sur trois mois, coûtent 1 500 €. C’est beaucoup, mais ça reste cinq fois moins cher qu’un programme présentiel. Et on sait aujourd’hui que les femmes ont soit des projets moins capitalistiques que les hommes, soit plus difficilement accès au financement que les hommes et peut être une sorte de poulet d’oeuf dans cette histoire. Mais c’est encore un autre débat, en tout cas sur des projets un peu moins capitalistiques que ceux des hommes. C’est compliqué lorsqu’on a 10 000 € de budget pour son projet d’investir ces 10 000 € en formation. Donc bien sûr, je pense qu’on était aussi plus en phase avec les projets des femmes. Il y a eu aussi un petit effet d’entraînement puisque, mécaniquement, on a attiré des femmes au début. Donc on a très tôt mis en avant des modèles de réussite féminins et donc probablement un petit peu un effet miroir aussi, qui s’est installé. C’est une très heureuse surprise en tout cas. Donc, c’est possible de faire de l’entrepreneuriat féminin. On l’a démontré et on a des taux de succès, de pérennité, des boites qui sont qui sont très très bons. C’est pas juste des paroles en l’air et une opération de social whasing.
GP : Je pensais que tu allais me dire que c’est parce que les femmes sont plus modestes et avouent plus facilement qu’elles ont besoin d’être formées.
AP : Ah non, c’est pas une hypothèse qu’on a retenu. Peut être aussi, c’est possible. Je pense que c’est un petit peu plus matériel et pratique.
GP : Parfait. Et au delà de ça, c’est qui tes clients ? Quand est ce qu’on a intérêt à t’appeler pour tes formations ?
AP : Nos clients aujourd’hui donc c’est principalement des indépendants et des TPE. C’est principalement des néo-entrepreneurs, c’est à dire des personnes qui entreprennent pour la première fois. On a souvent une image d’accompagnateurs, de startups et de jeunes. C’est complètement faux. On a notre persona type, donc c’est souvent une femme, mais pas que. Elle a 40 ans. En général, elle a une première partie de carrière qui s’est très bien passée avec une envie d’entreprendre qui se fait de plus en plus forte au cours des années. Et elle va soit choisir, soit subir le fait d’entreprendre, soit parce qu’elle décide de se lancer, parce que c’est vraiment le moment, soit parce que pour un hasard plus ou moins heureux de vie professionnelle, c’est le moment de démarrer après un plan social, après un licenciement. Ça peut arriver aussi, c’est la réalité de l’entrepreneuriat en France. Et c’est quelqu’un qui a une idée assez précise en général de son projet et qui doit affronter la première chose importante à faire dans un projet, c’est à dire trouver ses premiers clients. Donc, la majorité des personnes qu’on accompagne, ce sont des personnes qui cherchent leurs premiers clients et qu’on va aider à aller trouver, que ce soit via de la vente, du marketing digital. C’est très terre à terre chez nous. On croit pas du tout en fait que pour la majorité des indépendants, le grand sujet, ce soit de faire un business plan de 18 pages avec 50 milliards de framework dans tous les sens. Ça peut être utile si on va chercher du financement auprès des banques. Dans la majorité des cas, pour survivre en indépendant, il doit d’abord trouver des clients et c’est ce qu’on fait dans la majorité de nos parcours.
GP : Est ce que tu as senti une accélération avec cette crise sanitaire, d’un mouvement vers la région ? Et également, deuxième question, de cette envie d’entreprendre ? À une époque où il y avait “Si t’as pas une Rolex à 50 ans, t’as loupé ta vie”, et là, c’est un peu “si t’as pas créé ta boîte avant 50 ans t’as loupé ta vie”. Est ce que tu le vois, est ce que tu le sens ?
AP : Oui, il y a une vraie accélération du phénomène du travail indépendant, choisie ou subie. D’ailleurs, c’est pas toujours une bonne nouvelle. Ça s’inscrit très bien dans ton passé. C’est multithématiques. En réalité, sur ces problématiques là, il y a la problématique de du télétravail, de la redynamisation de l’emploi qui se fait très bien via le travail indépendant. Beaucoup de personnes viennent nous voir parce qu’ils étaient autrefois salariés en agence et nous disent “j’ai envie d’être un peu plus mobile. De plus, forcément habiter à Paris. Donc je vais partir en tant que freelance, en marketing digital, parce que les entreprises ne sont pas encore suffisamment adaptées pour me permettre de travailler en télétravail”. Ça, c’est une partie du phénomène, C’est clair, il existe. Il y en a beaucoup aussi qui ont profité du confinement pour justement démarrer un petit peu au chaud leur activité. Il y a beaucoup de personnes qui étaient en chômage partiel qui se sont dit “En fait, c’est un peu le moment ou jamais. En plus, je suis enfermé chez moi, donc j’ai 24h sur 24 à consacrer à mon projet”, ça on l’a beaucoup vu. On a énormément travaillé ça en 2020. Et je dirais le troisième élément, outre l’opportunité et outre le changement des usages et de la géographie, il y a aussi un changement dans la typologie des projets. On voit une vraie augmentation des projets à impact des personnes qui disent “Voilà, un jour j’ai dit ça, ça m’a fait prendre conscience de l’environnement, je suis plus alignée avec la mission de l’entreprise”, et il y a cette volonté d’essayer de faire des choses soit sur les thématiques environnementales dont on parle de plus en plus. Le fait de décider d’apporter, via l’entrepreneuriat, une solution à la problématique du réchauffement climatique qui a été beaucoup mise en lumière lors du covid et qui continue d’être malheureusement mise en lumière. Tant mieux. Il serait temps qu’on se convainc, qu’on se bouge. Et après Il y aussi une deuxième sous thématique par rapport au changement des métiers. Je pense qu’il y a eu pas mal de remises en question de notre rapport à la santé, notre rapport au bien être. On a été pas mal mis à mal, c’est le cas de le dire, par la situation. Et donc on voit beaucoup de personnes qui se lancent pas forcément à plein temps. Mais pourquoi pas un side project, sur les thérapies alternatives. On a beaucoup, beaucoup de thérapeutes. C’est la troisième catégorie de personnes qu’on accompagne le plus parce que je pense que les Français ont voulu étendre leur panel de thérapies disponibles. On s’est rendu compte de certaines limites de la médecine traditionnelle et certaines personnes se sont dit ça va carrément devenir une vocation. Donc on voit ça effectivement.
GP : Et quand on s’inscrit, il se passe quoi ? On t’attribue quelqu’un ? Ça dure trois mois, c’est ça?
AP : Dans la majorité des cas, effectivement. Donc c’est une formation mentoré qui va durer trois mois. Donc on va d’abord déterminer ensemble la thématique principale sur laquelle tu souhaites travailler. Par exemple, ça va être le marketing digital parce que t’as une problématique d’acquisition client. Dans 70 % des cas, la problématique, c’est trouver des clients. Ça me fait beaucoup rire, en France, on a plein de programmes pour chercher des financements. On a plein de programmes pour faire des business plan très très complexes et des pitchs très complexes. La vérité, c’est que pour la majorité des entrepreneurs qui ne vont pas lever des fonds, qui ne vont pas forcément faire des business avec des besoins en Capex très importants, il faut d’abord trouver des clients. Donc dans 70 % des cas, on détermine que la problématique, c’est trouver des clients. Et on a beaucoup de business en ligne sur lesquels il y a des problématiques de visibilité. Donc on va s’accorder sur le fait que la compétence qu’on souhaite développer en premier, c’est le marketing digital. Suite à ça, on va choisir parmi notre pool de 100 mentors entrepreneurs ou c’est des personnes qui sont entrepreneurs, elles mêmes, qui font ça à côté de leur job. Donc c’est vraiment des personnes qui donnent de leur temps dans le but d’accompagner en étant rémunérés. Certes, mais ce sont des personnes qui font le choix de rendre ce qu’ils ont appris parce qu’ils savent que ça les aurait beaucoup aidés. Et donc, par exemple, tu souhaites monter un site de commerce de mode éthique par exemple ? C’est très à la mode. On va essayer de trouver quelqu’un qui a monté un projet similaire. Tu vas t’accompagner pendant trois mois avec un rythme qui est à définir selon l’offre que tu choisis. Mais on a deux offres principales aujourd’hui, une offre où tu as un rendez vous toutes les deux semaines, une autre un rendez vous toutes les semaines et tu pourras discuter avec cette personne également via la messagerie qu’on a sur le site de façon continue. Donc c’est comme si tu avais un nouveau contact sur WhatsApp, choisi pour toi. C’est quelque chose qui nous a aidés, toi et moi, en tant qu’entrepreneur par le fait de débloquer un nouveau contact, on le trouve pour toi parce que c’est souvent des personnes qui n’ont pas forcément ce réseau là immédiatement et c’est quelque chose qui une différence énorme. Donc ce mentor et ensuite tu vas avoir accès au reste de la plateforme dans lequel tu vas avoir des ressources pédagogiques en interne, donc du contenu dédié au marketing digital, spécialement pensé pour des TPE et des indépendants qui n’ont pas du tout les mêmes besoins que Google, Microsoft sur le marketing digital. Donc c’est pas les mêmes budgets et pas les mêmes techniques. Donc on développe ce contenu là en interne et tu auras aussi tous les jours du contenu communautaire. Donc un webinaire qu’on organise de co-développement pour rencontrer les restes des personnes de la promo et accès également à des événements qui ont lieu sur Facebook ou dans les territoires. Avec cette idée de pouvoir rencontrer un associé éventuel ou de continuer à apprendre via des pairs puisque encore une fois, c’est des personnes qui sont assez isolées et n’ont pas forcément la possibilité de connaître quelqu’un qui entreprend en même temps. Et c’est aussi une différence énorme.
GP : Et au delà des trois mois, il y a des relations qui perdurent entre ses mentors et les entreprises ?
AP : On a des personnes qui ont rencontré leurs associés. Alors, entre le mentor et l’entreprise, non, ce n’est pas quelque chose qui est prévu, même si on est en train d’y réfléchir. À moins évidemment que la personne choisit de se faire accompagner sur une autre thématique. C’est tout à fait possible. Oui, mais on a d’ailleurs 25 % des personnes qui se font ré-accompagner ensuite sur une autre thématique parce qu’il y a vraiment cette logique de parcours dans le temps. En revanche, la communauté, il reste dedans. Il y a des évènements qui sont organisés très régulièrement et il y a des gens qui ont rencontré leurs associés. Il y a des groupes qui se créent. On a d’ailleurs plus sur lesquels on a d’ailleurs plus aucun contrôle. Il y a des groupes LiveMentor Sud Ouest, LiveMentor Nantes. Mais c’est très bien, c’est fait pour. C’est la même logique que dans des écoles de commerce ou dans des écoles d’ingénieurs, le réseau de alumni en soi il se crée sans que l’école vraiment réagisse dessus. D’ailleurs, nous, c’est pareil, c’est ce qu’on cherche, c’est ce qu’on souhaite recréer, juste accessible à tout le monde.
GP : C’est bon signe en fait. Bravo, c’est passionnant et donc ça va à partir de 1 500 €, ça peut monter à ?
AP : Alors ça va être passé à 1 800 €. Je pense qu’au moment où l’épisode sortira, ce sera 1 800 € pour notre produit principal qui est la formation mentorée pendant les trois mois.
AP : C’est l’inflation ?
AP : Là c’est pas l’inflation. On a un produit qui est pas mal et donc on ose mettre un prix dessus. Et on donnera le même conseil d’ailleurs à nos entrepreneurs. Et 1800 € pour ce produit là et il sera bientôt disponible en formation intensive, donc avec un rendez vous par semaine versus deux pour le produit classique. C’est ça notre principal. Un peu plus de 2 000 €.
GP : Et j’ai encore plein pleins plein de questions et notamment à ton arrivée à Aix-en-Provence et encore d’autres sujets. Mais puisqu’on vient d’en parler, il y a une question qui vient, et toi et vos LiveMentor, comment vous trouvez vos clients ? Puisque vous avez êtes des spécialistes et vous l’expliquez vous à vos clients mais pour vous-même, comment ça marche?
AP : Alors c’est très multifactoriel. On a commencé un peu comme tout le monde, comme on apprend à nos élèves, avec des mécanismes gratuits, parce qu’on n’avait pas beaucoup d’argent. On a beaucoup travaillé notre contenu très tôt. Dans la méthode Live Mentor, il y a le contenu. C’est quelque chose qu’on conseille à tous nos élèves. Donc on a commencé par une newsletter qui était écrite toujours d’ailleurs, en partie par Alexandre, mon associé, une newsletter qui aujourd’hui compte 200 000 abonnés. C’est le premier média français dédié à l’entrepreneuriat. C’est donc une belle réussite. D’ailleurs, on a cette “patte médias” qu’on a gardée. Ensuite, on a lancé un magazine qui s’appelle l’Odyssée. On a 2 livres qui sont sortis qu’Alexandre a publié. On a vraiment ce côté papier et contenu. Donc la newsletter d’abord, le blog ensuite, sur lequel on a beaucoup travaillé le référencement. De façon générale, la notoriété et le référencement naturel, c’est aujourd’hui 50 % de notre acquisition. Donc, que ce soient des personnes qui lisent la newsletter, des personnes qui lisent le blog, des personnes qui vont avoir lu notre livre, 50 % aujourd’hui et le reste, malheureusement, au bout d’un moment, il faut payer et donc ça va être du marketing digital intentionnel pour la plupart des personnes qui souhaitent se former ou un peu moins intentionnelles avec des Facebook ads, avec YouTube Ads, on fait du Tik Tok maintenant aussi, pour ma grande passion, j’ai une grande passion pour les chorégraphies de Tik Tok, donc je faisais un peu de cynisme à mon grand désarroi Tik Tok fonctionne donc fonctionne bien pour nous. Il faut vivre avec son temps. Ça n’a rien de rien de vraiment très dingue. On a des canaux additionnels qu’on développe depuis un an, comme les marchés publics. On a eu la chance de faire un partenariat avec la région Ile-de-France qui fonctionne très bien. On est en discussion avec le territoire marseillais, pour faire une expérimentation aussi. Donc c’est quelque chose qu’on sait faire et qu’on va faire de plus en plus. On additionne petit à petit les canaux de distribution pour grandir et à chaque stade de développement viennent des canaux un peu plus sophistiqués comme les marchés publics ou à terme le BtoB qu’on commence à faire aussi de plus en plus avec des cabinets de out placement avec lesquels on commence à bien travailler. Mais ça, c’est des choses qui sont un peu plus jeunes. C’est un petit peu plus récent.
GP : Ça rentre dans les cas de formation remboursée ou pas ?
AP : Alors pour certains, oui, nos parcours de formation mentorés sont éligibles au CPF. Donc on en a beaucoup parlé parce que j’e me j’imagine que vous vous faites harceler. En vérité, ça fait beaucoup de mal au secteur et ça, c’est un problème, heureusement, des mesures vont être prises normalement. Il y a une proposition de loi qui va être examinée le 6 octobre pour limiter justement le démarchage téléphonique. Et c’est tant mieux parce que ça pose problème aussi pour le reste des acteurs de la profession en réalité. Moi, mon grand père a table me demande si c’est moi le CPF, ça m’inquiète un peu. Mais plus sérieusement, en France, c’est un marché qui est très réglementé, la formation pro, nous, on s’est retrouvé un peu dedans par hasard. On voulait, on a vu “le pain”, le problème des entrepreneurs. On a vu qu’on avait toute une partie de l’entrepreneuriat français qui n’était pas adressée. L’entrepreneuriat des 99 %, comme on l’appelle, et on a construit une solution pour ça. On s’est retrouvés par hasard dans la formation pro. Donc on a découvert ce monde délicieux, fait de réglementations et dans lequel il faut parler français. Il y a quelques colombes, LiveMentor en fait partie. Il y a aussi beaucoup de pigeons et pas mal de corbeaux. Donc disons que c’est un marché qui doit être nettoyé et c’est très bien. Il faut continuer, il faut continuer à le faire mais essais. C’est pas triste tous les jours mais en tout cas pour nous c’est important d’être bien inséré dans ce marché de la formation pro parce que c’est ça qui garantit l’accessibilité de nos formations aujourd’hui au plus grand nombre. C’est dans notre mission permettre au plus grand nombre d’accéder à des compétences entrepreneuriales. Aujourd’hui, avec une formation à 1 500 €, même si c’est moins cher que la majorité des autres programmes, 1500 €, c’est énorme pour la majorité des français. Donc oui, il faut trouver des leviers pour que ce soit plus accessible. Le CPF, c’en est un. Il n’y a pas que ça. Des régions aussi peuvent financer. Dans le cas de la région Ile-de-France, typiquement, on peut avoir des financements Pôle emploi un petit peu à la marge. Et on essaye d’être inventifs en permettant d’adoucir au maximum le prix des paiements plusieurs fois, tout un tas de choses. Mais c’est vrai que oui, l’insertion dans les dispositifs de financement est très importante pour nous. C’est un levier important d’entrée d’un marché.
GP : Pour ceux qui ont eu la chance de ne pas être harcelés et qui n’ont pas suivi. On a beaucoup reçu des appels et des SMS parce que les crédits CPF étaient terminé, qu’il fallait vite, vite prendre une formation.
AP : Si on peut faire de la prévention, vous ne perdez pas vos crédits CPF, vous pouvez les garder, les dépenser chez LiveMentor si vous voulez. Non, je plaisante, je demande, mais il y a effectivement eu beaucoup de désinformation et je pense que là, comme toute anomalie de marché, c’est en train de se corriger. On a eu un petit peu deux ans de folie, mais là, ça va devenir plus difficile de faire n’importe quoi en formation pro et c’est tant mieux. On a la chance d’avoir un marché qui concentre beaucoup d’attention de fraudeurs. Donc la bonne nouvelle, c’est quand c’est un marché profond parce qu’il s’y intéresse. La mauvaise, c’est que ça détériore effectivement l’image et il faut que ça s’arrête.
GP : Tu as parlé de raison d’être tout à l’heure ou de valeur. Vous les avez formulées ?
AP : Oui, alors notre raison d’être, c’est permettre au plus grand nombre d’acquérir les compétences entrepreneuriales et le réseau pour mener à bien ses projets. C’est très simple. Et nos valeurs, on en a quatre. Mais en réalité, on est en train de demander ce qu’on entend garder que trois. Donc je vais donner les trois qu’on on a formalisé. Elles sont très simples. La première, c’est Soyons des colombes. On a un marché de pigeons et il n’y a pas que ça. Mais il y a quelques pigeons et quelques corbeaux quand même. Il y a des pies aussi, ceux qui sont attirés par les choses qui brillent. Oui, être un oiseau un peu plus blanc, c’est à dire avoir les plumes blanches et faire les choses bien dès le départ. Pas parce qu’on est peut faire des choses, juste parce que ça passe, qui est malheureusement quelque chose qu’on a beaucoup entendu dans ce marché là. Donc ça veut dire faire les choses bien dès la première fois, faire les choses pour le bien commun et pas seulement pour du profit rapide. Penser à long terme. C’est des valeurs qui sont assez importantes. Je pense que c’est des valeurs que tout honnête homme ou femme devrait avoir. Mais le fait est que dans le business, on oublie parfois un petit peu la philo et notamment dans des temps où des business très réguliers ou parfois l’appât du gain facile, peut être très tentant pour certains acteurs. Et nous, c’est quelque chose qu’on a toujours refusé, les hack, qu’on a toujours refusé de faire, des choses qui passaient pendant un temps. Parce que faire, il faut penser long terme. Mais si on veut être vraiment utile et faire une autre mission, il faut anticiper toujours le coup d’après, plutôt être main dans la main avec les autorités qui régulent pour asseoir avec eux le nouveau cadre légal plutôt que de subir. Donc c’est une valeur qui est importante. La deuxième valeur, c’est le fait d’être des entrepreneurs en CDI. On dit que c’est un peu paradoxal. On a une école d’entrepreneuriat et on aide des personnes à s’émanciper via l’entrepreneuriat. Ce n’est pas la seule façon de s’émanciper, mais en tout cas, c’est il y a un peu cette idée. Et il y a l’idée de dire que, en fait, entrepreneuriale et CDI, est ce que ce n’est pas un peu un débat d’arrière garde ? On a souvent opposé les contrats, mais en fait, en réalité, est ce qu’il ne faut pas aller un petit peu plus loin? En fait, finalement, est ce que certaines générations ou certaines personnes ne vont pas précisément chercher dans l’entrepreneuriat certaines choses parce qu’elles sont incapables de leur trouver dans le CDI ? Mais c’est plus une faille du CDI que véritablement un débat fermé et se dire comment est ce que je peux comprendre ce que les personnes vont chercher dans l’entrepreneuriat et le réinjecter dans le cadre de travail du CDI, donc de la flexibilité, ça peut être de la confiance, ça peut être de l’indépendance, de l’autonomie. Il y a plein de choses à réinjecter pour réenchanter ça. Et donc ces valeurs d’entrepreneuriat et cette envie aussi de challenger le contour du travail en CDI, c’est quelque chose comme ça qui nous anime et donc on va s’attacher à avoir des valeurs d’apprentissage fort, des valeurs d’autonomie fortes aussi. Permettre aux personnes d’organiser leur temps un petit peu comme ils veulent, bien sûr, avec une flexibilité qui diffère selon les métiers. On n’aura pas du tout la même flexibilité selon qu’on soit commercial ou selon qu’on soit développeur. C’est triste à dire, mais en fait, c’est la vérité. Un moment quand on doit assurer une couverture horaire et on ne peut pas s’organiser toujours de la même façon. Mais néanmoins, on va toujours faire de notre mieux pour aller dans le sens de ces valeurs là, ces valeurs d’autonomie et d’apprentissage qui sont celles qui animent la majorité des personnes dans l’entrepreneuriat. Et de la même façon, je pense qu’on peut prendre le problème dans l’autre sens. Je pense que de la même façon, le fait de poser l’entrepreneuriat comme quelque chose de forcément émancipateur, de forcément autonomisant, on est dans un débat sur lequel on se trompe aussi puisqu’il y a plein de formes d’entrepreneuriat qui aujourd’hui ne libèrent pas du tout et qui sont subit.
GP : Vous leur dites ça ? Vous soulignez le point ?
AP : En fait, on joue un jeu qui est difficile, notamment dans une communication. Et je pense qu’aujourd’hui on a plutôt réussi. Mais c’est un challenge permanent de donner envie d’entreprendre et de démystifier l’entrepreneuriat pour des personnes qui disent “ce n’est pas pour moi, j’y arriverai pas”, notamment chez les femmes. On a beaucoup de barrières comme ça. De dire “si tu peux et regarde pour toi, ça peut être une bonne solution”. Trouver le juste milieu entre cette phrase là et le “être entrepreneur est mieux que d’être salarié”, ce qui n’est pas vrai et c’est assez complexe. Donc on essaie de manier plein de nuances de gris, d’éduquer. On essaye d’être, d’être nuancé, de montrer que non, une forme d’entrepreneuriat dans laquelle tu n’as qu’un seul client, dans lequel une plateforme fixe ton prix d’entrée, dans laquelle tu n’es pas libre, en fait, oui, c’est de l’entrepreneuriat, mais est ce que c’est autonomie ? Non, certainement pas. De la même façon qu’on a aussi des apprenants qui arrivent en disant “Voilà, moi j’ai fait une carrière magnifique, mais je n’ai jamais entrepris, donc j’ai raté ma vie” Ça, non plus, ça fonctionne pas. Donc effectivement, il y a tout un discours de marque à construire. C’est pour ça aussi qu’on essaye d’aller sur des thématiques qui sont un peu périphériques au business seul pour aller sur des thématiques comme le bien être. La santé mentale, qui était le thème du deuxième livre, en est sortie pour avoir une notion un peu plus holistique de la réussite qui ne soit pas limitée à un statut, un cadre. Parce que se réaliser, c’est un peu plus complexe que juste opposer deux statuts. C’est effectivement une bonne question. Et on veut surtout pas que notre com serve à asseoir des stéréotypes de réussite = entrepreneuriale. C’est pas évident, mais on y travaille tous les jours.
GP : Sur ce sujet de santé mentale que cette pose de la crise sanitaire a permis à certains de réaliser que je n’étais pas épanoui dans leur boulot et souvent en CDI. Du coup, il se tourner vers quelque chose de plus naturel, de plus bien être et qui devenait. Et il est tellement passionné par ça qu’il voulait créer un business. Quelle est la profondeur de ce marché ? Est ce que même si tu étais pas bien et que tu te soignes un peu ou tu fais un truc auquel tu crois vraiment ? Intrinsèquement, il y a un marché derrière pour aider d’autres à ne pas revivre ou pas refaire les erreurs que tu as faites ?
AP : Est ce que le marché de la thérapie est profond ou est ce qu’on a des cas ? Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question.
GP : Oui, c’est ça et est-ce qu’il y a un marché pour tous ces consultants qui se lancent sur ces business là ?
AP : Je ne suis pas expert du marché de la thérapie. Il y a des gens, notamment Solange de Médoucine, qui serait top à interviewer, quelqu’un avec qui on travaille beaucoup. Néanmoins, nous en tout cas. Ce qui est certain, c’est que ce que je peux partager à notre échelle, c’est la troisième catégorie d’indépendants qu’on accompagne. Donc il y a une vraie explosion. Les formations de sophrologue, les formations de thérapeutes. C’est dans les principales formations qui sont achetées sur Mon Compte Formation, une fois qu’on enlève toutes les formations de type permis de conduire, ça concerne tout le monde. Il y a un vrai phénomène de formation. Nous, ce qu’on constate, c’est qu’on a des entreprises qui sont pérennes à deux ans. En tout ca, qui n’est pas moins pérennes que d’autres statuts d’indépendant. En revanche, on a des cohortes qui sont assez jeunes et on parle de pour la majorité d’entreprises qui ont deux ans. Donc il va falloir voir comment ça évolue. Ce qui est certain, c’est qu’il y a tout un écosystème qui commence à se développer. Donc ça devient de plus en plus mature quand même au niveau de la distribution et il y a Médoucine avec qui on travaille. C’est un annuaire qui référence comme Booking.com, il aimerait pas sur la comparaison, mais je caricature volontairement c’est une sorte de Doctolib même plutôt, des médecines alternatives qui cartonnent. On a un annuaire thérapeute qui cartonne aussi. Donc ça commence à être un marché qui fait que c’est plus un marché de niche. Je dis vraiment et sans jugement de valeur, parce que moi même j’aime beaucoup le chamanisme. Mais c’est plus un marché de quelque chamane, c’est large, il y a des services qui leur sont dédiés, un vrai écosystème d’écoles qui sont reconnues. Et oui, il se passe quelque chose. Après, exactement au niveau des chiffres, je les ai pas de tête, mais en tout cas, nous, on le constate, les personnes en vivent. C’est des activités qui sont compliquées parce qu’il y a tout ce rapport de soigner et comment est ce que je monétise les soins, c’est pas forcément évident. C’est des thématiques qu’il faut traiter vraiment avec précaution, et notamment en terme de distribution et de marketing. Mais en tout cas, c’est un marché qui est de plus en plus mature et qui est, oui, massif et plus gros que le marché du coaching par exemple.
GP : Il y a un point intéressant que t’as soulevé c’était le peu importe le contrat, ça me parle moi. Moi qui suis dans l’immobilier de bureaux, je dis souvent peu importe que tu signes un bail commercial au contrat prestation de service parce que ce qui compte c’est quel est vraiment ton besoin et on peut trouver la réponse appropriée. Et quand j’ai lancé cette activité de coworking, on a appelé comme ça, il y a cinq ans, une des stats qui m’avait convaincu de me lancer ou finir de me convaincre, c’était que, aux US, près 30 % de population active était indépendante et c’était une tendance qui allait augmenter et que comme d’habitude, puisque ça existe aux US à cette époque là, ça allait arriver en France. Est ce que toi tu le mesures ça ? Parce que derrière tout ça, il y avait l’idée que les entreprises de demain seront un peu comme des équipes de tournage de films, c’est à dire autour d’un projet. On regroupe des compétences. Mais quand le projet est terminé, ses compétences vont sur un autre projet et qu’on pourra tous, en tant qu’indépendant à terme, avoir deux ou trois projets en même temps. Et vendre, comme ça, sort son temps de cerveau disponible?
AP : Oui, c’est quelque chose qu’on a, on a des taux de croissance qui sont assez hallucinants. On a fait fois deux entre 2020 et 2021. Donc ça montre bien que c’est sur un marché où tous les fondamentaux qui sont ici sont en explosion. On voit effectivement ça. C’est quand même important de le noter, on voit un entrepreneuriat individuel qui est de plus en plus polymorphe. Avant, c’était soit on était salarié, soit entrepreneur, mais on avait une activité globalement. Nous, on voit vraiment une grande partie des personnes qui se lancent en étant encore salarié avec un side projet à côté, pas forcément dans le but de se lancer. C’est 30 % des entrepreneurs qui démarrent chez nous, qui travaillent sur leur activité à côté mais qui restent salariés. Et il y a vraiment cette idée de side-project. Alors c’est une bonne nouvelle dans la majorité des cas, parce que ça montre que le statut d’auto entrepreneur a fait son travail pour permettre de diversifier un peu les sources de revenus. Et il y a pas mal d’emplois “Passion” aussi. Ça peut être aussi une mauvaise nouvelle un peu appliquée à l’extrême. Ou en fait, ça peut aussi vouloir dire que le travail salarié ne paye plus assez. De par notre marque je pense, et de par aussi le fait qu’on accompagne principalement des personnes sur des projets digitalisés ou je pense un peu moins précarisées. Mécaniquement, on voit moins cet entrepreneuriat là. Mais il ne faut pas se voiler la face en s’exprimant au niveau global, il faut vraiment faire attention. Il y a une partie des personnes qui ont un side-project qui adorerait ne pas en avoir un.
GP : On peut en revenir à ta troisième valeur du coup.
AP : Et ma troisième valeur en effet, c’est rester humble. On n’a pas une culture très show off. Ça me semble évident, mais apparemment c’est pas évident pour tout le monde. On n’a pas de bureau fermé, on est assis avec tout le monde. On a tellement de choses à apprendre. On ne supporte pas quand on a des recrutements un peu senior qui arrivent, qui commencent à dire “on a toujours fait comme ça” ou à dire “je juge cette personne parce que je suis supérieur”. Ça semble un peu bateau, mais il y a des cultures qui peuvent difficilement cohabiter et autrefois, dans une vie précédente, dans des environnements un peu plus type conseil ou banque d’affaires ou l’humilité, c’est pas forcément toujours la valeur cardinale. Et pourquoi pas ? En vérité, je pense que chaque, chaque milieu a sa culture et ça ne veut pas forcément dire qu’on est détestable. Mais nous en tout cas, c’est vrai que l’humilité, le fait d’être, de rester aussi très proche de nos apprenants, le fait d’être de choisir des implantations en région à proximité de nos élèves, le fait de dire qu’à tout moment un apprenant doit pouvoir entrer dans le bureau et se sentir chez lui et pas se sentir déconnecté complètement, c’est à dire qu’il peut entrer dans une réunion, comprendre tout ce qui se passe avec un vocabulaire très simple, sans jargon. C’est une valeur qu’on a, qui est très forte et qu’on essaie de garder presque un petit peu bizarre, de décréter, d’être, que l’on souhaite être humble. C’est très bizarre, mais en tout cas, c’est quelque chose qui est important. Et dans un recrutement, on cherche des personnes qui n’ont pas le melon, qui soient capables de travailler avec des personnes qui viennent d’environnements hyper différents. On a toute la pyramide de diplômes français parmi nos élèves. C’est aussi le cas parmi nos salariés. Donc quelqu’un qui n’utilise que du jargon et qui trouve que c’est marrant d’utiliser d’une violence légitime un petit peu comme ça. Ça c’est quelque chose que je veux voir chez moi et parce que c’est pas ce qu’on veut avec ça, nous apprenons et c’est parce qu’on veut en interne en plus. Donc c’est une valeur importante.
GP : Parfait. On est quand même dans Extra-Muros. Vous êtes aujourd’hui à Aix-en-Provence alors que l’entreprise est née à Paris. Est ce que tu peux nous expliquer cette naissance et ce déménagement ?
AP : Oui, nous sommes à Aix-en-Provence, sachant que aucun de nous n’était sudiste à la base, c’était un élément important à dire d’entrée. Mais déménager la boîte, en réalité, ça part vraiment d’une volonté d’alignement. Je l’ai dit en introduction, on a créé LiveMentor parce que on voulait vraiment d’une façon rendre ce que la société nous avait donné. Alex et moi, on n’y a pas du tout de milieux entrepreneuriaux du tout. Il n’y a pas de milieu spécialement favorisé. On vient de classe moyenne française, tout ce qu’il y a de plus classique. L’École française a bien fonctionné pour nous. Très bien même. Tant mieux et on ne va pas pleurer. On la remercie et c’était très bien. Simplement, lorsque on est devenus adultes, on a fait le constat que oui, ça a fonctionné pour nous, mais on était plus les exceptions que la règle et qu’il y avait une question à se poser qui était comment est ce qu’on fait en sorte que ça fonctionne pas que pour nous, mais ça fonctionne aussi pour les 99 % restants, notamment les personnes qui étaient autour de nous lorsqu’on a grandi. On a eu la chance de bénéficier de par notre parcours à l’école, on a eu la chance de bénéficier d’un réseau extraordinaire qui nous a énormément aidés alors qu’on n’avait pas du tout à la base et ça on le doit à l’école et à l’école française. Par extension, on a eu la chance de bénéficier de compétences. On a eu la chance de se rencontrer aussi parce que je pense qu’on ne se serait jamais croisés s’il n’y avait pas eu cette école là et de pouvoir faire de LiveMentor ce que c’est ce que c’est aujourd’hui. Donc il y avait vraiment au cœur du projet, c’est une certaine idée d’égalité des chances et une envie de permettre à qui que ce soit d’avoir la possibilité d’avoir un maximum de chances de son côté pour mettre à bien son projet. On garantie pas 100 % de réussite. On n’est pas magicien, mais en revanche, donner les compétences pour commencer à le faire, ça, c’est quelque chose qu’on peut faire. Et donc il y avait cette idée là et il y avait cette idée de lutter de cette façon là contre des inégalités entre les territoires qu’on observait. Moi, je viens de Franche-Comté, donc des zones très, très rurales. Je ne sais pas si vous voyez, mais c’est très vert sur Google Maps et je me rendais bien compte qu’il y avait un différentiel de dynamisme, notamment entrepreneurial, entre Paris et la Franche-Comté, qui est pour le coup un territoire pas sinistré et plutôt chanceux par rapport à d’autres territoires, mais qui ne bénéficier pas énormément de la vague startup des jeunes. Et lorsque je voyais même de façon plus générale, au delà de start up, tout l’enthousiasme sur le numérique. La révolution digitale, forcément, était de constater que je ne voyais pas énormément dans mon village. Donc il y avait vraiment cette idée de rendre au territoire. Et forcément, quand on voyait qu’on était implantés que à Paris et qu’on créait nous même de l’emploi qu’eux à Paris intra-muros, il y avait un certain désalignement. Donc ça, c’était la première raison et la première envie de bouger. La raison pour laquelle on l’avait pas fait avant le covid, c’était que nos délicieux investisseurs, qu’on salue et qu’on aime beaucoup, nous disaient comment vous allez faire, vous allez pas être à Paris, quand vous allez faire pour lever des fonds. C’est bien connu, il n’y a aucune boite en dehors du périphérique. Il y avait un peu ce frein là. Et il y avait aussi une vraie inertie je pense, parce que déménager une boîte, à l’époque, on était une soixantaine. Déménager une boîte de 60 personnes, c’est quand même. Ça demande quand même un peu de gestion de projet. Il y a beaucoup de contraintes personnelles à aligner lorsqu’on en a 60 fois deux en général, voir fois plus pour ceux qui ont des enfants, c’est pas forcément simple. Donc il y avait une inertie et le covid a été, je dirais, une excuse extraordinaire parce qu’on a des salariés qui ont commencé à rendre leur appart. Donc c’était un peu le moment ou jamais. On s’est dit bon, là, c’est l’occasion de recommencer différemment. Si on ne fait pas maintenant, on le fera jamais. Donc on s’est mis en ordre de marche très rapidement pour pouvoir sonder les salariés d’abord et ensuite dire “ok, Vous semblez être intéressés. On vous garantit que le 12 mai, c’était le 11 mai, la fin du confinement, on a une solution en province qui vous permet d’avoir une alternative aux bureaux parisiens et ouvrir” et commencer cette dynamique parce que ça s’est fait comme ça. Mais c’était d’abord un réalignement avec notre mission au final, et le covid a été la bonne excuse pour opérer tout ça.
GP : Et pourquoi Aix-en-Provence alors ?
AP : C’est une question un peu à tiroir. Alors il y avait l’alignement avec la mission. Il y avait aussi un enjeu de rétention des talents. Ça, il faut quand même le noter. Aujourd’hui, on a beau avoir une politique de limitation des écarts de salaires, aujourd’hui, le salaire le plus bas chez nous, c’est 30 000 €. Et force est de constater qu’à Paris, on a une vie correcte et bien meilleurs que malheureusement plein d’autres personnes. Néanmoins, ça reste pas un salaire avec lequel on a vraiment la possibilité de mettre de l’argent de côté, d’acheter un appartement, enfin de se projeter. Et ça nous semblait toujours un petit peu dommage. On se disait pourquoi pas, on peut travailler complètement en télétravail. Pourquoi est ce qu’on ne pourrait pas tout simplement mettre l’activité ailleurs, garder ces salaires là et permettre aux salariés de devoir, un cadre de vie plus agréable. Il y avait cette idée là aussi. Donc les salariés étaient au cœur de la réflexion. Donc on les a impliqués dans le choix de la destination parce que c’était important qu’ils puissent déménager avec nous, d’abord pour les garder et ensuite pour créer un socle initial de culture qui nous permette de ne pas avoir deux bureaux complètement, avec un bureau à Paris, un bureau à Aix qui n’est pas du tout la même culture. C’est important de repartir avec des salariés de Paris, donc on a tout simplement fait quelque chose de très simple, on a pris la liste des villes qui étaient accessibles en train depuis Paris pour pouvoir garder le bureau parisien et pouvoir communiquer assez facilement entre les deux, qui étaient à moins de 4 h de train pour que ce soit pratique et qui avait une implantation très FrenchTech parce qu’on voulait avoir un écosystème local déjà un peu présent pour le recrutement et même partenaire. Et on a demandé à nos salariés de voter et donc on a eu Bordeaux, Aix-en-Provence et Marseille ex-aequo et par volonté de différenciation, on a choisi Aix parce que on voyait beaucoup de startups déjà à Bordeaux et on disait que c’était intéressant de proposer une alternative dans le Sud. Donc on a choisi comme ça et donc on a vraiment choisi de déménager la boîte alors que ni Alex ni moi ne sommes jamais allé à Aix. J’étais allé à Marseille deux jours, il y a cinq ans et donc c’est un peu un saut dans l’inconnu. Et j’avoue que j’ai été assez rassuré en arrivant sur place la première fois de me rendre compte que c’était très joli et que ça avait l’air tout à fait sympathique. Mais c’était un peu un peu fou en vérité parce que on avait rien vérifié avant d’aller sur place, mais on sentait que c’était un tel choix qu’on demandait aux employés qu’il fallait qu’on aille vite et qu’assez vite en leur disant “Non, c’est pas les paroles en l’air. Oui, oui. Ne reprenez pas d’appart à Paris, on y va”. Donc il a fallu aller vite et on l’a fait. Mais ça comprenait sa dose de projet pas très cadré et d’adrénaline. Après il y a plus wild que d’aller déménager à Aix-en-Provence. Mais c’est vrai que ce n’était pas facile mais on a pas fait une étude de six mois d’implantation.
GP : J’ai déjà interviewé d’autres sociétés qui me disaient qu’ils avaient eu exactement ou à peu près la même histoire. Et c’était assez marrant de voir que “j’ai eu un profil qui avait été Bordeaux, un de mes salariés, un autre qui avait voté Méditerranée” c’est un peu le profil de la Méditerranée versus océan Atlantique. Je sais pas si c’est quelque chose que tu as ressenti aussi dans les équipes ?
AP : En tout cas, il y a eu peu de votes pour Lille. J’étais un peu triste mais pourtant ça a été beaucoup plus pratique. Mais c’est vrai que je pense que si on a fait le sondage en plein milieu du covid, tout le monde avait envie de grands espaces de mer, de trucs. C’est un peu le rêve. Originalement, on s’est retrouvé avec Marseille, Bordeaux et je dois dire que je n’étais pas très étonné du résultat.
GP : Et tu as fait comment ? Est ce que ça a été aidé localement pour aller un peu plus vite ?
AP : On a eu la chance d’avoir beaucoup de presse à ce moment là. Tout le monde était passionné par le fait qu’une boite parisienne veuille déménager dans le Sud. C’était quand même un peu un peu inquiétant en vérité parce que je me disais enfin quand même c’est chaud si on en est vraiment à ce stade. Nous ça nous arrangeait bien mais il y avait un côté un peu terrifiant en vrai. Je pense que tu partages ce constat. Les journalistes nous disaient “Mais donc vous allez là”, et je leur disais “on va à Aix en Provence quand même, c’est pas non plus au milieu de la forêt. Il y a quand même le Wi-Fi là-bas”. Donc, en tout cas, on a eu beaucoup de presse et ça nous a permis d’être bien identifiés par la région, notamment Provence Promotion, qui nous a beaucoup aidés dans la recherche de locaux, qui nous a aidés dans l’implantation des salariés pour les aider à choisir les endroits dans lesquels ils voulaient habiter. On a eu la problématique aussi là récemment, de personnes qui ont déménagé, encore maintenant, qui déménagent de région parisienne avec des enfants qui les ont aidés pour les écoles, une sorte de conciergerie++. Qu’on n’a jamais eu en Ile-de-France pour le coup et c’est assez normal parce que bien sûr débordé par le tout le nombre de toutes les startups qui s’implantent sur le territoire. Donc oui, nous, on a été bien aidé et c’est vrai que ça a été assez facile au final de déménager. Je pense que c’était aussi dû au fait qu’on est assez mobile, assez jeune. Donc, concrètement, on a pris des ordis, on les a posés quelque part. C’est beaucoup plus facile que pour d’autres. On a une population aussi assez jeune, ce qui fait qu’on avait moins de problématiques de déménagement de conjoint. Mais en tout cas, pour nous, ça a été un jeu. Vous avez pas mentir, c’était facile. Il n’y a pas vraiment d’excuse pour ne pas le faire. Si vous êtes autre dans notre dans notre situation.
GP : Et le bilan du coup ? À la fois implantation perso, activité, recrutement, levée de fonds ?
AP : Nous, on n’a jamais levé autant de fonds que depuis qu’on est à Aix-Marseille, ça nous a pas du tout freiner dans le financement. Au contraire, on a levé 11 millions d’euros l’année dernière, en juillet 2021. Donc ça n’a pas du tout freiné notre activité. D’un point de vue recrutement, on est ravis. On a accès au bassin d’emploi, on a accès à des territoires qui sont très différents de l’Ile-de-France ou pour le coup sur des fonctions comme les fonctions commerciales notamment, on se bat tous pour les mêmes talents. À Aix-Marseille, ce qui est incroyable, c’est qu’on a accès à plein, plein, plein de territoires différents. On a accès à Marseille, on a accès à Aix, on a accès aussi au Luberon. En plus, c’est un bassin d’emploi qui est très, très large, profond et divers. Et c’est vraiment une fierté pour le coup qu’on a de pouvoir proposer à des personnes pour qui, pour la majorité à laquelle il postule. C’est à ça que doit servir la tech. Créer de l’emploi pour tout le monde, pas juste pour Paris. Donc on est vraiment content en termes de proposition de valeur. Les salariés sont ravis. Le marché est suffisamment profond. On n’a pas du tout de problème pour recruter et contrairement à ce qui nous avait été dit de base et au niveau de la rétention des salariés, ça n’a rien à voir. Parce que les salaires qu’on peut proposer, la qualité de vie qu’on offre salariés bien, bien, bien meilleurs que ce qu’on offre à Paris, donc c’est très satisfaisant. Et à titre personnel. Enfin, moi je suis ravie. J’adore la région qui est magnifique et parfois j’ai l’impression travailler pour l’office du tourisme de Paca. Mais j’avoue avoir déménagé à Marseille parce que je préfère Marseille à Aix. Et beaucoup de Aixois vont me renier pour ça. Mais c’est un territoire qui est exceptionnel en termes de diversité. C’est impossible de ne pas se plaire en Paca. Vraiment, tellement il y a une diversité de styles de vie qui peuvent être offerts par les territoires. À moins d’adorer la pluie. C’est assez fantastique. On va s’étendre parce que je pense que tout le monde est d’accord. Mais c’est vrai qu’on a la chance de pouvoir avoir des salariés qui habitent à la campagne, qui habitent en ville. Certains habitent une ville un peu plus moyenne comme Aix et c’est une proposition de vie qui n’est pas faisable en Ile-de-France aujourd’hui. Et je pense que peu de régions peuvent offrir aujourd’hui, donc 100% convaincue et vive Marseille.
GP : C’est dommage, j’ai d’autres questions. On aurait pu s’arrêter là dessus. Je cite souvent ton exemple parce qu’il est hyper parlant, parce qu’il y montre que le fait d’avoir pris cette décision un peu originale par rapport à d’autres startups qui ont quitté Paris, qui avaient plutôt visé l’Ouest. Mais les problèmes que beaucoup de start up connaissent à Paris, on les retrouve maintenant à Bordeaux aussi. Du coup, tu les as peut-être un peu moins aujourd’hui toi ?
AP : Nous, c’était le pari qu’on a fait pour le moment, c’est le cas. Après, est ce qu’on recrute exactement les mêmes profils que des BackMarket ou des BetClic… Je ne sais pas. Je pense que beaucoup de recrutements tech un peu moins. Je pense que, en vérité, les recrutements de tech, c’est galère pour tout le monde, indépendamment de où on sesitue. Mais en tout cas, nous, on a aujourd’hui une équipe d’une trentaine de commerciaux qui sont à Aix et ce qui est assez large en vérité, comme taille d’équipe commerciale. Et on n’a aucun problème pour recruter et on a une diversité, je dirais même de profils, qui sont plus large qu’à Paris et ça, c’est assez appréciable. C’est aussi quelque chose qui parle, qui est important pour moi. Et je trouve ça vraiment cool de pouvoir vraiment offrir ces emplois à ces personnes. J’ai l’impression que je fais mon taff quand je fais ça.
GP : Je te cite là aussi souvent pour démontrer que selon la population que tu as, selon la catégorie de salariés, il faut bien mesurer quelle est la vie culturelle, tout ce qui va être autour du boulot, c’est important et que Marseille peut-être encore plus quand on a la vingtaine, c’est pas très connu, mais elle peut offrir quelque chose d’assez sympa.
AP : Clairement. Bon, je ne veux pas faire une ode à Marseille mais Marseille pour des startups qui recrutent des profils entre 25 et 35 ans, je pense, est vraiment une option à considérer parce que c’est une ville qui a énormément de choses à offrir pour cette tranche d’âge là. Adulte, avec ou sans enfant, peu importe. Mais il y a quand même un accès au foncier qui est bien facilité, qui permet d’offrir une vraie qualité de vie à ses employés et surtout à une vie culturelle qui est assez fantastique. Et une population jeune qui fait que quand on s’installe à Marseille en deux semaines, on a déjà recréé un réseau et c’est pas quelque chose qu’on peut dire dans toutes les villes de France, je pense.
GP : Et y a les Marseillais qui vont dire arrête de dévoiler le secret, même si c’est vrai pour ceux qui écoutent Extra-Muros, vous avez un bon secret.
AP : C’est plus vrai à Marseille qu’à Aix de mon expérience.
GP : Tout à l’heure, tu as évoqué le sujet sur ta vision sur les salaires. Est ce que tu peux expliquer ce que tu as mis en place ?
AP : C’est le moment où je m’attire les foudres de tout le monde. Je pense que c’est marrant qu’on appelle ça, le fait qu’on appelle société, une entreprise. Et j’ai des idéaux qui sont probablement un peu naïfs. Mais en tout cas, j’essaie de commencer par moi même pour essayer de les tester. Et notamment je pense que dans bien des cas, ce n’est pas facile de faire cohabiter dans une entreprise des écarts de salaires qui sont trop importants. J’en ai fait l’expérience à titre personnel et je pense qu’au niveau de la société en général, c’est quelque chose sur lequel on pourrait probablement faire des efforts. Et donc j’ai cet idéal là et j’essaye plutôt que d’appliquer une grille de salaire transparente dont on parle beaucoup, dans laquelle c’est un système dans lequel je crois pas forcément. En tout cas, je n’ai pas de démonstration ou d’exemples concrets aujourd’hui qui me permettent de dire que c’est vraiment viable à terme. Et je crois dans le fait d’avoir la communication sur un indicateur partagé à tous qui est le ratio des écarts de salaires. Donc logiquement, si quelqu’un gagne dix dans la boîte et que la personne la mieux rémunéré gagne 100, le ratio sera de dix. Eh bien, et on se fixe pour objectif de le limiter au maximum. Donc aujourd’hui, on est à quatre, c’est pas mal je pense, parce qu’on a aujourd’hui, ça c’est facile de faire le calcul, on a le salaire le plus faible qui est à 30k, vous pourrez faire le calcul. D’ailleurs, c’est même pas mon salaire qui est le plus élevé. Mais ça c’est un autre sujet.
GP : C’est celui qui ramène le chiffre d’affaires…
AP : Je ne vais pas communiqué sur celui qui gagne le plus parce que n’étant pas une grande fan de la grille de salaire transparente, ce serait un peu aller à l’encontre de mes propos, mais en tous cas on dit pas qu’on se limite à quatre pour toujours. Je pense qu’il faut être flexible et c’est aussi un des problèmes que j’ai avec les grilles de salaires transparentes, c’est que c’est mal connaître l’entrepreneuriat et parfois, il faut accepter de faire évoluer ses modèles. Mais en tout cas, on souhaite de la transparence là dessus et que ce ne soit pas quelque chose de tabou. Et en tout cas, c’est une volonté affirmée des dirigeants d’avoir une pyramide des salaires qui soit assez plane et dans lequel on essaie de redistribuer de façon assez équitable et le plus largement possible la valeur. Ça n’a rien de fou je pense, mais si en tout cas c’est une valeur qui est importante pour nous et je pense que indépendamment de l’intérêt social et économique, je pense que culturellement, ça simplifie beaucoup de choses. En réalité, ça permet d’avoir des salariés qui partagent un quotidien qui est le plus possible similaire. Bien sûr, ce n’est pas du tout pareil de gagner 30k ou de gagner 100k, c’est pas pareil de gagner 30k ou de gagner 60k, c’est évident, mais ça reste mieux que d’avoir une structure où, moi, j’ai des souvenirs, c’est un peu idiot, mais c’est quand même important, de structures dans lesquelles, lors du déjeuner, il y a une personne qui peut pas se payer un dej à l’extérieur et les autres qui partent au resto. Et ça, je ne trouve pas que ce soit très sain d’un point de vue culture d’entreprise. Donc on essaye de limiter ça. C’est quelque chose dans lequel je crois et je pense que c’est possible aujourd’hui de recruter des seniors très talentueux en se limitant et sans aller sur des salaires à complètement délirants, à 200k, 300k, 400k comme ce qu’on peut voir dans certaines startups en ce moment. Outre le fait que je pense qu’il faut faire bien attention avec ce salaire là, parce que je pense que ça fait assez mal aussi au PNL et au Runway. Mais de façon générale, je pense que je pense que c’est possible aujourd’hui de faire ce choix là. Et en fait, en réalité, c’est presque un argument de recrutement pour certains seniors, pas pour tous disent “Ben oui, je comprends. Et en fait, moi je préfère avoir le plus bas salaire qui gagne un peu mieux parce qu’en fait finalement moi les 5k de plus sur mon salaire en vrai, c’est pas que je les sens pas, on les sent toujours, mais ça ne porte pas tant de bonheur que ça”. C’est un peu ça. C’est une valeur qui est importante. Je ne sais pas si on va pas le garder tout le temps, mais en tout cas, ça fait cinq ans qu’on est comme ça et ma foi, ça tient. Je précise d’ailleurs qu’on ne triche pas, il n’y a pas de dividendes cachés ou il n’y a pas de récompense cachée. Sauf évidemment les revenus de capital issus de cessions où des choses comme ça, ça en communique pas dessus mais en tout cas c’est pas caché. Et d’ailleurs j’ai lu récemment que Mélenchon avait préconisé un écart de x20. On est vraiment très très à gauche décidément, mais c’est une blague. Récemment, on m’a demandé justement le CE justement demandait des nouvelles là dessus et je me disais on a quatre. Vous savez combien Mélenchon et dire ne sais pas deux… Non non c’est 20, on est pas mal.
GP : C’est pour ça qu’on te qualifie sur les réseaux sociaux de boîte de gauche. Ça t’aide à recruter ou à l’inverse, ça marche comment ?
AP : Je pense pas que ce soit la meilleure stratégie pour recruter le lead dev mobile d’Apple, mais après c’est pas non plus, on est rarement confronté à cette problématique là. En tout cas, on a une équipe de direction que si je prends par exemple le cas de Belaïd Benamar, notre directeur commercial qui vient de Meilleurs Agents, j’ai une belle référence française, donc tu dois bien connaître pour être dans le même secteur. Qui a vraiment monté l’intégralité de l’équipe commerciale là bas. Oui, il y a perdu, mais y croit dans ces valeurs là et je dirais que c’est un dans la limite du raisonnable. C’est presque un argument de recrutement. Et dans le cas des salaires un peu plus faibles, clairement, c’est un argument de recrutement parce que aujourd’hui il y a certains principes, par exemple pour les commerciaux, donc le fixe, c’est 30k. Encore une fois je ne dis pas que avec 30k, on vit merveilleusement bien en France. On peut toujours s’améliorer. Il y a du il y a du variable par dessus, mais il y a certains principes dans la façon dont on considère le salaire qui, je pense, oui, nous aident à recruter parce que, par exemple, je ne veux pas qu’on ait des salaires dans lesquels il y est un fixe trop faible. Parce que ça me semble pas raisonnable pour une entreprise de faire porter l’intégralité du risque de distribution sur des commerciaux et qui plus est sur les salaires les plus faibles. Moi quelqu’un qui ne paye pas son loyer parce que le marketing n’a pas fonctionné un mois, ça me semble délirant et je ne pense pas que ça aide en plus à avoir un climat social efficace. De la sérénité, ça aide aussi à bien travailler. Donc il y a des choses comme ça, oui, qui je pense que ça aide. Après, on peut pas plaire à tout le monde. On a aussi des commerciaux qui nous disent je préférerais gagner 1 000 € de fixe et avoir 10 000 € de variable. Mais c’est pas exactement notre modèle, donc il y a plein de modèles qui seront ravis de les prendre des chances, mais on attire qui on est probablement et qu’il y a plein de gens comme nous. Donc ça va. En tout cas à Aix on en a trouvé plein.
GP : Est-ce qu’il ya d’autres mesures dans le même genre, au tour de l’actionnariat ? Est ce que vous pensez à d’autres choses?
AP : On a des BSPCE, mais ce n’est pas quelque chose qu’on a généralisé. Pour la simple et bonne raison qu’on a une histoire capitalistique qui est longue. LiveMentor, ça vient d’un pivot, donc on a fait des levées de fonds successives. Donc en tant que fondateurs, on a aussi un peu plus dilué que d’autres structures tout simplement. Et donc ça joue sur le volume de BSPCE qui est disponible. Et donc on essaie au maximum d’intéresser nos salariés historiques. Mais on est un petit peu limité maintenant à ce stade de la boîte sur ce plan là. Mais philosophiquement, je souscris à fond et si c’était à refaire, la prochaine boite que je monte, tout le monde sera intéressé et ça me va très bien.
GP : Il y a des choses que tu ne referais pas à l’inverse ? Plus globalement pas forcément sur les RH ? Ce n’est pas une question piège.
AP : Non, non, c’est une bonne question. On a pivoté à partir d’une structure existante, donc on faisait complètement autre chose avant. Et du coup, en utilisant une levée de fond, la fin d’une levée de fonds qui avait été faite sur le modèle précédent. Je ne pourrais pas te dire aujourd’hui si c’était une bonne ou une mauvaise idée. Rétrospectivement, dans la mesure où il y a une partie de moi qui me dis qu’on aurait peut être dû fermer cette structure là et redémarrer de zéro parce que du coup, on a la captable de la boîte d’avant. Ça fait quand même un historique assez important. Mais d’une autre façon, je ne sais pas si on aurait réussi à lever des fonds sur ce modèle là, en amorçage. Donc en fait, on saura jamais.
GP : Et puis ça marche aujourd’hui donc c’est déjà une bonne réponse.
AP : Mais ça, c’est une question que je me pose parfois. Et après, on a fait plein de bêtises, on a grandi trop vite sur la partie commerciale, à certains moments, sans comprendre qu’il y avait des points de passage qu’on n’avait pas passés. Et donc on a recruté beaucoup sans structure, ce qui n’est pas une bonne idée. Donc on a fait des erreurs de ce type là. Mais comme tout le monde je pense, on a fait des recrutements seniors de façon incantatoire aussi. Ça, ça nous a beaucoup arrivé de se dire “on sait pas ce qu’on cherche, mais cette personne va, nous va nous permettre de découvrir ce qu’on cherche”. Ça ne marche pas trop non plus. Mais il fallait faire ces erreurs là et on en fera encore plein en vérité. Donc je ne pense pas que je n’ai pas de remords terribles ni de regrets. Je mets la différence, mais on n’a pas fait de faute. J’espère qu’on n’a pas fait souffrir de personnes. On s’est juste gouré comme beaucoup d’entrepreneurs.
GP : C’est dur de ne pas se tromper quand on fait autant de choses.
GP : Merci beaucoup pour tout ça. Pour terminer, sans tomber dans la psy, juste pour savoir ce que toi tu fais pas pour te sentir bien au delà du boulot et pour trouver un équilibre.
AP : Moi, je monte beaucoup à cheval. C’est une des raisons pour lesquelles ça me tentait assez de partir de Paris parce que ça monter à cheval tous les jours avec 1h30 aller à 1h30 retour, c’était quand même une petite mission. Donc ça, j’ai beaucoup gagné en qualité de vie sportive sur ce point là, du point de vue là, et j’ai la chance d’avoir toujours adoré ça. Je crois que ta fille en fait aussi d’ailleurs. Donc c’est à la fois catastrophique comme sport parce que ça prend énormément de temps, c’est très cher, etc… C’est à la fois aussi fantastique parce que en fait on est obligé d’y aller. Donc il n’y a pas vraiment d’excuse. On arrive toujours à trouver une solution pour travailler plus vite, s’organiser différemment pour y aller. Et ça, c’est, je crois, un enseignement et beaucoup de gens qui disent aussi que, dans une proportion vraiment différente, mais le fait d’avoir des enfants en entreprenant et c’est finalement assez incroyable d’un point de vue temps, parce que ça aide à prioriser ce qui est vraiment important. En puissance 1 milliard évidemment par rapport à ce type de sport. Mais c’est un sport où on peut pas juste se dire “Ah là j’ai pas le temps”, c’est non, il faut y aller et en fait je trouve ça être quand même avec des règles très claires. C’est un sport sur lequel on ne peut pas faire de téléphone. Donc c’est très bien aussi pour ça. Et je pense que c’est un sport qui est un peu méditatif aussi, d’une certaine façon, parce qu’il faut être très centré sur son corps, se détendre. Et franchement, ça m’est arrivé assez régulièrement d’arrêter parce que mon cheval était blessé pour x raison. Et les premiers mois, ça va. Je me dis c’est génial, j’ai pas d’argent et en plus plein de temps pour que ça se fasse. Et en fait le deuxième mois je commence à me rendre compte que ça va. Quand je tape tout le temps, je dors plus bien et je pense que c’est juste. Ça fait partie de mon équilibre. Moi, j’ai trouvé ça, ça marche. Il y a plein d’autres solutions, mais en tout cas, pour moi, ça fonctionne et je ne cherche pas du coup trop de trucs.
GP : Pas de chamanisme alors ?
AP : Alors si, mais je ne sais pas si je vais en parler dans le podcast. La spiritualité très élargie m’intéresse énormément. Et bien d’ailleurs, on va lancer une newsletter sur le sujet avec Alex. Sur ça, on a fait pas mal d’explorations autour des états de conscience modifiés, notamment liés aux psychédéliques, et ils conservent pas mal de littérature sur ça, notamment aux États-Unis.
GP : Avec Je te pose la question parce que je le vois en effet arriver dans le monde de l’entrepreneuriat avec Loïc Le Meur notamment qui est très actif.
AP : C’était justement chez Anne Jacquier. Il passait juste après le le podcast. Enfin nous, on est complètement dedans dans cette mouvance là, pas avec LiveMentor pour le coup qui est complètement en dehors de ça. Mais à titre personnel ça m’intéresse depuis longtemps. Il se passe des choses assez extraordinaires sur le domaine de la psilocybine. C’est un sujet qui m’intéresse vraiment. Enfin, je pense qu’il y a des choses, des choses à faire, à la fois en termes de bien être. Mais ça, c’est plus quelque chose qui concerne en réalité les psychiatres et les victimes. Je dois commencer à donner des conseils là dessus. Il y a des gens qui font des expériences très bien là dessus. A titre personnel, je pense que ça peut avoir un impact sur le business aussi. On a pas mal travaillé avec Alex sans faire exprès notre relation d’associés grâce à ce type de médium et c’est les thématiques qui nous intéressent. J’ai beaucoup lu sur le sujet, donc on a une petite newsletter. Bientôt ça va s’appeler Salve. Donc vous pourrez regarder exactement si la thématique des psychédélique vous intéresse et appliqué au business je précise. Je ne vais pas vous donner de conseils… D’ailleurs, je ne veux pas vous donner de conseils tout court parce que c’est une activité qui est encore tout à fait illégale en France. Même si, même si je pense qu’on parlait tout à l’heure du fait que les États-Unis étaient en avance. Clairement, dans cinq ans, je pense que ce sera moment légal en France si on croit ce qui se passe aux États-Unis et au Canada à l’heure actuelle.
GP : Merci beaucoup pour tout ce beau témoignage et toutes ces infos, toute cette énergie. Merci Anaïs.
AP : Merci.