Quitter Paris a été pour lui une révélation, un nouveau tremplin. Loïc Bernard est la preuve de l’adage “Quand on veut, on peut”. Il nous raconte son histoire de vie et ses changements, de Paris à Montpellier.
Venir s’installer à Paris. Pourquoi ce choix à l’époque et combien de temps êtes-vous resté ?
J’ai toujours vécu à Paris avec toute ma famille. On a habité à Drancy pendant ma jeunesse, dans une cité appelée “La cité du nord” et ça ne manquait pas de nous divertir au quotidien.
Avec ma petite soeur et mon grand frère, on voyait passer les CRS tous les jours pour courir après les dealers. J’ai fait mes années collège et lycée là-bas.
Mes parents avaient peu de revenus mais ils ont trouvé le moyen de déménager le jour où ils ont compris que les halls d’escaliers commençaient à devenir des lieux de vente de drogue et de prostitution…
On a ensuite vécu plusieurs années de l’autre côté de la ville, dans des HLM où on se sentait plus en sécurité et c’était bien le seul avantage ! L’incivilité des gens était incroyable, on voyait des choses folles mais c’était devenu notre quotidien.
Plus tard, j’ai déménagé de mon côté pour vivre dans le 19ème arrondissement de Paris et me rapprocher de mon travail.
Quelles raisons vous ont poussées à quitter Paris ? Quel a été le déclic ?
Mon avis est sûrement biaisé étant donné que j’ai vécu des années en Seine-Saint-Denis. À cette époque, avec mon meilleur ami, on a tout fait pour s’échapper.
Par la suite, j’ai vécu et travaillé à Paris pendant plusieurs années, c’était mieux, beaucoup mieux, mais quelque chose n’allait pas.
Globalement je ne me suis jamais senti en sécurité en région parisienne. Il se passait toujours un truc, il y avait beaucoup trop de monde pour que les journées se passent normalement et sans accroc.
Au delà de cette insécurité, j’avais l’impression que ce train de vie ne me correspondait pas. Tout allait trop vite, tout s’enchainait et je n’avais pas l’impression de profiter du présent. Les gens semblaient très superficiels et cette idée ne me plaisait pas du tout.
En 2021, j’ai rencontré ma compagne qui était médecin à Montpellier. Lors de ma première visite dans le sud, j’ai immédiatement compris que je ne resterais pas à Paris. Pendant ce temps là, mon ami d’enfance et moi pensions monter un projet, tout semblait s’aligner pour me montrer la voie…
Toute ma vie, j’avais cherché un endroit qui pouvait me correspondre et je n’en trouvais pas car tout ce que je connaissais finalement, c’était Paris. Cette fois, ce fut le déclic. 6 mois plus tard, j’ouvrais mon entreprise et je déménageais à Montpellier !
Dans quelle ville et région êtes-vous parti vous installer ? Que faites-vous aujourd’hui professionnellement ?
Je vis à Montpellier ! J’ai co-fondé un logiciel de visioconférence dans des bureaux virtuels pour que les entreprises et organismes et formation puissent communiquer sans contrainte géographique : RemoteLess
Décider de partir de Paris, c’est une chose. Le faire en est une autre ! Comment avez-vous abordé et organisé votre départ ?
J’avais peur, je venais de rencontrer ma compagne avec qui j’allais vivre mais je devais me lancer et prendre des risques, c’est comme ça que ça marche.
J’ai tout d’abord travaillé pour obtenir une rupture conventionnelle auprès de mon employeur à Paris. Ce fut une période très stressante car ils ont mis plusieurs mois avant de me donner une réponse définitive. Pendant ce temps, j’étais bloqué dans mon projet et j’avais peur de devoir abandonner.
Après qu’ils aient validé la rupture, j’ai re-déménagé chez mes parents pour pouvoir mettre des sous de côté pendant 1 mois avant de partir. J’ai inventorié toutes mes affaires, je me suis débarrassé du superflu et j’ai rempli ma voiture à craquer pour faire les 850km !
Il n’y a pas eu de recette miracle dans mon cas, je croyais en moi et je me suis donné les moyens pour atteindre mon objectif coûte que coûte.
Quitter Paris, partir vivre en région. Le bilan en une phrase ?
La meilleure décision de ma vie
Qu’avez-vous gagné en quittant Paris ?
Ici, j’ai immédiatement fait de belles rencontres, les gens sont (selon moi) plus sympa et prennent le temps de vivre.
J’ai l’impression de pouvoir prendre mon temps également et vivre dans le présent dans une ville à taille humaine où les gens semblent plus authentiques…
- J’ai gagné en tranquillité d’esprit,
- J’ai repris le sport de façon intensive
- J’ai découvert le trail running
- J’ai fait des randonnées incroyables
- J’ai découvert la vraie France
- J’ai repris la pêche en loisir
- J’achète mes fruits et légumes chez des producteurs locaux
- J’ai fait beaucoup d’économies sur les loyers !
Que regrettez-vous ?
Le seul regret que j’ai aujourd’hui, c’est de ne pas avoir pu le faire avant.
À part cela, j’étais habitué à pouvoir faire mes courses le dimanche et pendant les pauses de midi et ici ce n’est pas possible… Voilà le niveau de détail auquel je suis confronté quand je dois citer mes “regrets”.
Changer de vie, gérer le changement d’emploi, trouver un logement, organiser le déménagement… Quelles leçons tirez-vous de cette aventure ? Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?
Si c’était à refaire, je n’aurais rien changé. Pour trouver un logement, ce fut complexe mais j’ai eu la chance d’avoir ma compagne pour m’héberger au début, puis on a pu emménager ensemble.
Globalement les agences ne prenaient pas mon dossier vu que je n’avais pas d’emploi dans le sud. Alors je me suis arrangé pour trouver plusieurs garants. Je n’ai négligé aucun détail et ça a fini par payer.
Baisse de salaire, prix de l’immobilier, coût de la vie… Quels sont les retours de votre porte-monnaie ?
Je dépense beaucoup moins d’argent dans le sud.
A Paris, j’ai par exemple loué pendant 1 an un 16m2 pour 850 euros !
Là-bas, mon panier de course me revenait à 35 euros au Market du coin, ici pour les mêmes produit, je paye 20 euros.
J’économise aussi sur le prix des transports, des parkings et de l’essence où la différence est réelle.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui réfléchissent à quitter Paris et changer de vie ?
- Je dirais qu’il faut absolument laisser l’idée mûrir dans son subconscient
- Ce n’est pas un moment très facile à vivre mais on en rigole après !
- Il faut se donner les moyens de son ambition pour ne pas avoir de regrets plus tard
- Un adage qui marche vraiment : “Quand on veut, on peut.”
- Globalement, ce n’est pas si difficile mais je n’avais pas d’enfants
« Quitter Paris, c’est… »
… pas si difficile si on le veut vraiment.
Merci à Loïc pour son témoignage plein d’enseignements !