Traversons les frontières et l’atlantique… Quitter Paris pour s’expatrier et partir vivre au Canada, à Montréal. C’est l’histoire de Jérémie Mani, CEO de la filiale canadienne de l’entreprise Webhelp. Il nous raconte comment il a concrétisé ses rêves d’expatriation, lui qui avait toujours vécu à Paris.
Commençons par le commencement : votre installation à Paris. Pourquoi ce choix à l’époque et combien de temps êtes-vous resté ?
Je suis né à Paris il y a 46ans de cela 🙂 et j’ai toujours vécu soit à Paris intra-muros, soit en proche banlieue. Toujours étudié et travaillé à Paris, notamment dans le quartier Latin puis Beaubourg / Louvre-Rivoli / Opéra. Superbes quartiers d’ailleurs !
Pour quelles raisons avez-vous quitté Paris ?
À part 2 séjours de quelques mois à l’étranger, quand j’étais étudiant, je n’avais connu que Paris. Or, j’ai toujours eu une sorte d’admiration (voire de jalousie !) pour ceux qui revenaient de plusieurs années d’expatriation. Je les trouvais épanouis, avec plein de belles histoires à raconter. Ce n’est pas si simple de quitter sa ville. Il faut que les planètes s’alignent sur le plan personnel / familial, professionnel et financier. Quand avec mon épouse, on a vu que ces fameuses planètes commençaient à s’aligner, on s’est organisé pour sauter le pas. Il y avait cette curiosité personnelle, que je trouve positive, mais aussi l’envie de faire découvrir autre chose à nos enfants (dont 2 pré-ados). Cela ne peut être qu’enrichissant.
Quelle destination avez-vous choisie ? Dans quel contexte ?
Quitte à quitter son cocon, autant aller loin ! C’est ce que l’on s’est dit. J’avais eu l’occasion de me rendre à Montréal (Québec, Canada) plusieurs fois dans le cadre de mon travail. Puis d’y retourner en vacances, en famille. On adorait. On a donc quitté la région parisienne pour Montréal. J’y travaille pour Webhelp, l’entreprise à qui j’ai revendu ma propre entreprise (bien plus petite) il y a quelques années. C’est très confortable de ne pas avoir à chercher son job sur place (on dit “sa” job au Québec, d’ailleurs) et de partir en sachant déjà ce qu’on fera sur place. Pour eux aussi, envoyer quelqu’un de confiance pour ouvrir une filiale, c’est rassurant.
Décider de partir de Paris, c’est une chose. Le faire en est une autre ! Comment avez-vous abordé les choses ? Des gens ont-ils été utiles dans votre projet ? Des moyens et/ou outils vous ont-ils particulièrement aidés ?
Je dirais qu’il faut une bonne dose d’organisation… mais aussi de lâcher prise. Organisation, car énormément de choses sont différentes dans un autre pays : le système de santé, le permis de conduire, les assurances, la banque, les magasins alimentaires ou non… et bien entendu le logement et les écoles. Il faut commencer par cela. Nous étions venus plusieurs fois sur place (courts séjours) pour faire avancer les choses. On a beaucoup lu, parler à d’autres français passés par là avant nous. Mais il faut aussi accepter de faire des erreurs au début. D’où le lâcher prise et une certaine souplesse. Ce qui est sur, c’est que cela doit être un projet familial, bien préparé en amont.
Qu’avez-vous gagné en quittant Paris ?
Un “reset” complet, dans la tête. Nouvelles habitudes, nouveaux voisins, nouveau quartier, nouveaux amis (sans perdre les anciens, grâce aux réseaux sociaux), voire nouvelle langue car la moitié de la ville est anglophone. Cela implique pas mal de remise en question et cela s’avère bénéfique.
Que regrettez-vous ?
La famille avant tout. C’est le prix de l’éloignement. Pour le reste, quand on revient pour les vacances, on retrouve quelques restos et quartiers qu’on aimait bien donc on ne peut pas les regretter.
Changer de vie, gérer le changement d’emploi, trouver un logement, organiser le déménagement… Quelles leçons tirez-vous de cette aventure ? Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?
Chaque situation est différente. Nous sommes partis dans des conditions favorables. Dans notre entourage, certains ont eu plus de courage, en acceptant un travail moins qualifié, en vivant dans un appartement plus petit. On a eu beaucoup de chance avec l’école par exemple, aussi pour la santé. Donc si c’était à refaire, je prierai pour que cela se passe aussi bien ! Tout en sachant qu’il faut être prêt mentalement à une ou 2 années plus difficiles, au début, pour s’acclimater.
Baisse de salaire, prix de l’immobilier, coût de la vie… Quels sont les retours de votre porte-monnaie ?
Très difficile à dire ! Car tout change quand on quitte un nouveau pays. Ne serait ce que parce qu’on ne consomme plus les mêmes choses et qu’on change d’habitudes. Par-dessus cela, le Covid a encore accéléré les changements. Je ne saurais pas répondre avec précision si ce n’est dire que c’est aussi l’occasion de remettre à plat ses habitudes de consommation et faire d’autres choix (mieux consommer, moins consommer, faire les choses avec plus de sens).
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui réfléchissent à quitter Paris pour s’expatrier ?
Il faut que cela soit une motivation positive. Pas par besoin de “quitter quelque part” mais par envie de “découvrir ailleurs”. Car forcément Paris vous manquera sur certains points, il faut l’accepter et valoriser ce que votre nouvelle destination vous offre.
« Quitter Paris, c’est… »
… s’ouvrir à de multiples nouvelles expériences.
Un grand merci à Jérémie pour son témoignage d’expatrié !