On retrouve le podcast Extra-Muros avec un épisode en compagnie de Julien Cutolo, directeur général France de Swile, 19e licorne française qui réinvente l’expérience des employés.
Au micro de Guillaume Pellegrin, Julien revient sur la création de la startup montpelliéraine et son développement ainsi que son équilibre perso à Montpellier, lui qui est originaire de Marseille.
En partenariat avec Extra-Muros, le podcast qui met en lumière les histoires de dirigeants qui ont choisi de développer leur business en dehors de Paris. Ce podcast est produit par Newton Offices. Voir d’autres épisodes
Extrait de cet épisode :
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Guillaume Pellegrin (GP) : Et tout ça part de Montpellier. Pour quelle raison ?
Julien Cutolo (JC) : Tout ça part de Montpellier, parce que j’ai essayé pourtant moi, tu sais, je suis de Marseille. Loïc est de Montpellier, il a eu raison, il a eu le dernier mot. Mais si ça part de Montpellier, c’est pas compliqué, à l’époque quand on s’est lancé donc on est à Montpellier. On savait pas, si on m’avait dit il y a cinq ans en arrière, Swile va devenir une licorne dans plusieurs pays avec quasiment 1000 salariés. J’y aurais pas cru. Et d’ailleurs on y pensait pas. Donc on est à Montpellier. Et c’est vrai qu’on s’est posé la question “qu’est ce qu’on fait ? Est ce qu’on fait Paris ? Est ce qu’on fait Montpellier ?”. On s’est dit Montpellier, on était à l’époque en 2018. Il faut savoir qu’à ce moment là, Montpellier était depuis quatre / cinq ans à peu près sur une grosse dynamique de création d’emplois. Il y avait quand même Cap oméga, il y avait les écoles, une ville dynamique, etc… Donc on s’est dit, c’est pas possible qu’on ne trouve pas des personnes. Parce que tout de suite, pourquoi on dit Paris ? On dit Paris, parce que plus facile, plus de monde. Et on s’est dit mais c’est pas possible, ça faisait quatre ans que Montpellier était dans une excellente dynamique. On s’est dit on va forcément trouver du monde. À cette époque là, c’était quand même la troisième métropole en France en terme de création d’emplois. On s’est dit enfin, on y est, on reste là, on est dans le Sud. Et ça a changé, on n’aime pas faire comme tout le monde. Loïc est aussi Montpelliérain. Et ils avaient quand même en tête un doux rêve qui était de devenir licorne. Et il s’est dit Si je suis la première licorne montpelliéraine, pour un Montpelliérain, c’est quand même une belle fierté. Donc c’est parti de là. Et je sentais au fond qu’il voulait vraiment Montpellier parce que c’est sa ville et on l’a lancé là. Et on peut montrer à tout le monde que c’est possible. En fait, on a pas besoin d’aller forcément tout le temps à Paris.
GP : Et il y a quelques années, c’était Dell qui était venu s’y implanter. Donc il y a probablement un écosystème.
JC : Oui il y avait effectivement une très grosse croissance sur Montpellier à ce moment là. Et puis Cap Omég, l’incubateur des startups et qui est reconnu mondialement. Donc du coup, on a commencé là bas. Après, on a crée des bureaux un peu partout, notamment à Paris, mais le siège social et les bureaux restent à Montpellier. Tous les onboarding, tous les nouveaux qui rentrent, c’est à Montpellier.
GP : Donc au tout début, vous lancer tout seul. Vous êtes aidé par la métropole, par un incubateur, ça marche comment ?
JC : Donc au début, on est sur l’incubateur à Cap Oméga. Mais on est surtout aidé parce que Loïc fait un seed en serie A de 2 millions, lui qui vient de Teads qui avait été vendu pour 300 millions. Donc, du coup, il connaissait aussi des investisseurs qui l’ont suivi derrière dans sa nouvelle aventure. Donc il fait un seed de 200 millions. Et puis après, pour lancer le projet, on le lance en février 2018. On le commercialise en février 2018. En mars donc deux mois après, on a déjà un 300 clients actifs. Et là, il part et la première levée a lieu très rapidement.
GP : Du coup, vous êtes répartis où ?
JC : On est 700 à 750 France-Brésil. 150 personnes au Brésil et le reste sont en France. Sur les 500 personnes, tu as un tiers à Montpellier, un tiers à Paris et un tiers qui est en région. Full remote en région, ce sont tous les commerciaux de terrain et les développeur web.
GP : Justement, comment vous organiser sur le territoire ? Tu me disais que vous aviez trois solutions. Comment ça marche ?
JC : On est présent partout et sur tout le territoire national. C’est une vraie volonté de mailler tout ça parce que, historiquement parlant, les DRH ont été aussi habitués à voir une personne et un commercial en face. Donc on a continué là dedans et on veut occuper le terrain parce qu’on est connu dans les grandes villes. En terme de notoriété, dans des villes un peu plus éloignées, il faut qu’on soit présent sur le terrain pour évangéliser, changer aussi les mentalités du papier, etc.. Donc nous avons des personnes présentes, en termes d’organisation. Des commerciaux inside qui chassent par téléphone à Montpellier, des équipes marketing tout ça c’est au bureau. Après, on a, c’est aussi les enjeux du moment, la politique de télétravail. Le covid est passé par là. Le covid a rebattu toutes les cartes,qu’on se le dise. Et on s’est aperçu pendant le covid qu’en fait, c’était possible de travailler à distance. Et c’est possible. Les performances étaient là, la cohésion était là et ça, c’était le plus important. Et du coup, on a voulu garder cette flexibilité et le meilleur deux mondes. C’est à dire que tu ne pouvais plus dire, après le covid, “vous revenez tous au bureau”. Le monde avait changé à ce moment là. Donc il a fallu qu’on s’adapte. On a réfléchi tous ensemble, on a pris l’avis un petit peu de tout le monde et on a décidé de faire un système hybride. C’est à dire que tu vas avoir deux jours de télétravail au choix et trois jours au bureau. Tout ça, c’est libre. La seule condition qui est mise, c’est que s’il y a des rituels d’équipe, admettons le lundi pour lancer la semaine. Quand c’est un rituel hebdomadaire, on ne le casse pas parce que c’est trop important, il faut arriver à trouver le juste milieu entre “je travaille de chez moi” ou on est un peu seul et où on dépile beaucoup plus de choses. On est plus productifs en télétravail. Par contre, tu connais le proverbe “seul tu vas plus vite, mais ensemble on va plus loin”. Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand tu as besoin de dépiler beaucoup de sujets, tu peux te mettre en télétravail un jour, deux jours. Mais derrière, tu as besoin de ton équipe en fait, ça, c’est de la cohésion d’équipe. Tu as besoin de te ressentir cette atmosphère, ce besoin de partager des choses, de partager des moments de vie aussi.
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GP : Du coup, tu as beaucoup bossé, tu bosses encore beaucoup. Pour terminer, question classique que je pose, c’est comment tu trouves ton équilibre ? J’espère que tu ne fais pas que bosser.
JC : Non, non, non. Physiquement, tu peux pas physiquement, mentalement, tu peux pas parce qu’à un moment donné, tu es plus productif. Tu réfléchis pas, t’es pas bon, tu réfléchis pas de la bonne manière. Tu peux être énervé pour rien et ça crée des effets négatifs. Donc je coupe. C’est très simple. Au début, j’ai beaucoup travaillé, c’est normal. Il faut lancer la boîte, etc. Et puis après, tu t’aperçois que ça sert à rien. Il faut prendre du recul, faut vraiment couper. Je coupe le matin, il y a les enfants. Déjà, ça c’est une première chose, la priorité. Donc il n’y a pas de rendez-vous de 7h à 9h. Parce qu’après la moindre petite place dans ton agenda a été prise. Donc là, non, Je mène mes enfants à l’école, je vois mon fils à la primaire. À 8h et demie, je rentre, je prends mon café, je suis dispo, je suis frais, on y va. Je mange de 12h et demie à 14h. Pareil, il n’y a pas de réunions, ça ne sert à rien. J’ai besoin d’avoir le temps de pause. J’ai besoin de manger avec les équipes. J’ai besoin de discuter. Je vais tisser des liens et pas être à l’écart. Donc je mange avec les équipes, je tiens à ça. Et puis après 14h-19h. Après il y a aussi la fin d’école, il y a les douches etc… On s’occupe de manger et tout. Après, y a toujours des sujets. C’est à dire que le week end, je coupe, mais je m’y remets un peu le dimanche en fin d’après-midi, je prépare les réunions du lendemain. Mais voilà, j’ai pris beaucoup de recul par rapport à ça parce que je me suis aperçu que je me fatiguais beaucoup pour rien.
GP : Donc le dimanche au Vélodrome.
JC : Et le dimanche au stade. Ça permet de couper bien sûr le match !
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